Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

Affaire André Troisième journée

Dernière journée : compte-rendu d’audience

Dix ans de réclusion pour Bruno André

Bruno André a volontairement abattu Véronique Nageotte le 23 avril 2010. Telle a été la certitude de magistrats et jurés au terme de trois jours de procès. Déclaré coupable de meurtre, l’accusé a été condamné à dix ans de réclusion criminelle.

«Je n’ai plus d’avenir… En prison, on voit les gens dépérir de semaine en semaine, on vit dans la crainte des insultes et des coups. Nous avions tout pour être heureux, j’ai essayé de bâtir ma petite vie, mais désormais mon avenir se limite à une cellule de 9 m2» : habité par un profond sentiment de culpabilité, Bruno André se sera perdu dans les déclarations résonnant comme des aveux. Niant indéfectiblement toute intention criminelle (notre édition d’hier), l’accusé aura multiplié les maladresses trois jours durant. «Véronique s’énervait, elle partait comme un coup de feu», aura osé l’accusé au cours de la deuxième journée d’un procès marqué par diverses incertitudes quant aux circonstances exactes du drame survenu à Brennes, le 23 avril 2010.

Dubitatif quant à la version présentée par Bruno André, l’avocat général s’est attaché à sceller la culpabilité de l’accusé au cours d’un réquisitoire éclairé. «Pour vous forger une intime conviction, il vous faut répondre à différentes questions, a souligné le procureur Clémençon à l’adresse de magistrats et jurés. Pour quelle raison Véronique Nageotte aurait-elle chargé cette arme ? Elle ne l’a pas chargée, j’en suis certain, elle n’en était tout simplement pas capable ! Le chien du revolver était tiré vers l’arrière, Bruno André dit ne pas s’en être aperçu alors que l’expert en balistique est formel : il était impossible de ne pas s’en rendre compte. Bruno André a pris l’arme, il a visé et il a tiré ! Les déclarations de l’accusé ont évolué en fonction des incohérences mises au jour par les enquêteurs et le juge d’instruction. Monsieur André a-t-il voulu donner la mort à Véronique Nageotte ? Le doute ne fait que souligner les multiples contradictions de Bruno André. L’accusé s’attend à être condamné à dix ou quinze ans de prison et je vais vous demander de le condamner à la peine à laquelle il s’attend, ni plus, ni moins !» Certain de du caractère volontaire du coup de feu tiré par Bruno André, l’avocat général pouvait requérir une peine de quinze ans de réclusion criminelle.

«Bruno André ne ment pas»

Concédant avoir «rarement défendu un homme aussi secret et taciturne», Maître Alfonso se lançait dans une longue plaidoirie. «Bruno André se dit déjà condamné, son intervention peut paraître paradoxale, mais il porte en lui la responsabilité de ce drame, indiquait l’avocate avant de faire état des nombreux doutes entourant le déroulement des faits. Bruno André n’a jamais changé de position, il a toujours décrit un homicide involontaire. Comment Véronique Nageotte aurait-elle pu être en paix compte-tenu de son lourd passé ? Bruno André n’a pas provoqué les crises de sa compagne, il a découvert une femme fragile, une femme au bord du gouffre. Je n’étais pas présente le jour du drame, vous ne l’étiez pas et monsieur l’avocat général non plus. On ne peut pas condamner un homme en se rattachant à des hypothèses, l’avocat général doit apporter la preuve formelle de l’intention de tuer ! Monsieur André a toujours soutenu qu’il s’agissait d’un accident et aucun élément ne prouve le contraire. Il a été tétanisé par la détonation et il n’a pas essayé de fuir ou de maquiller la scène, il a immédiatement prévenu les secours. Bruno André ne ment pas, il n’avait aucune intention criminelle, c’est l’évidence même !»

Après plus de trois heures de délibéré, la présidente de la cour d’assises livrait un verdict lourd de sens. Magistrats et jurés sanctionnaient un acte volontaire. Déclaré coupable de meurtre, Bruno André a été condamné à dix années de réclusion criminelle.

«Plaie ouverte»

Représentant la fille ainée et le petit-fils de Véronique Nageotte (née Sichler), Me Bourron a tenu à saluer la mémoire de la victime. «Angélique a besoin qu’on parle de sa mère, a souligné l’avocate. Véronique Nageotte était avant tout un être humain avec ses qualités et ses faiblesses, cette femme était une bonne mère, une maman très attachée à ses enfants. Cette femme pensait enfin pouvoir s’épanouir en quittant son mari. Véronique Nageotte est née sous une mauvaise étoile, elle aura été victime de trois hommes dans sa vie, son père, son mari et Bruno André. Cette femme ne sera même pas parvenue à trouver un peu de compassion aux côtés de sa mère ! En ce qui concerne les faits, ils me paraissent relativement simples. Les conclusions de l’expert en balistique sont claires, Bruno André a tiré en toute connaissance de cause. Angélique a appris le décès de sa mère dans la presse, elle a assisté sa mère jusqu’au bout avant de prendre la décision de la faire débrancher. Père et enfants sont restés dignes au cours de ce procès, ils ne sont pas dans la haine et la vengeance, ils attendent simplement la condamnation de Bruno André.»

«Seul et unique responsable»

Me Charlot s’est, quant à lui, attaché à décrire de profondes souffrances tout en faisant état de son intime conviction. «Je ne crois pas au hasard, pas plus à la malchance et encore moins à l’accident, a martelé l’avocat. Lorsque monsieur André a saisi l’arme dans le tiroir, elle était à plat et il a pu constater que le chien était relevé. Monsieur Nageotte et ses filles ont vécu pendant treize jours dans la douleur et dans l’attente, les enfants ont été les spectateurs démunis du décès de leur mère ! Une mort naturelle est toujours difficile à accepter, mais il est encore plus difficile d’appréhender le décès d’un proche d’une mort brutale. Monsieur André, vous êtes le seul et unique responsable de cette plaie ouverte qui ne se refermera jamais !»

Sur le même sujet...

Reconnu coupable d’agression sexuelle, il écope de 36 mois de prison dont 12 mois avec sursis
Abonné
Langres
Reconnu coupable d’agression sexuelle, il écope de 36 mois de prison dont 12 mois avec sursis
Tribunal correctionnel

Un homme de 38 ans a comparu détenu mardi 23 avril devant le tribunal judiciaire de Chaumont, pour agression sexuelle sur sa compagne dont il était une nième fois séparé(...)

Gifles à son épouse, avant de la poursuivre : « j'étais dans un tourbillon »
Abonné
Chaumont
Gifles à son épouse, avant de la poursuivre : « j’étais dans un tourbillon »
Tribunal correctionnel

Un quadragénaire a comparu devant le tribunal correctionnel pour violences conjugales, lundi 22 avril. Fini, le verbe, sa colère explosive s’était notamment traduite par des gifles à son épouse, le(...)

Violences aggravées sur sa mère : « je ne me croyais pas capable de faire ça »
Abonné
Valcourt
Violences aggravées sur sa mère : « je ne me croyais pas capable de faire ça »
Tribunal correctionnel

Une fille à laquelle des faits de violences aggravées sur sa mère sont reprochés. En récidive. À qui la justice a proposé un encadrement pour se libérer d’addictions délétères. À(...)