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Charmes : la porte de l’église devient « un sujet »

Avec son église, Charmes semble l’illustration de la difficulté que les petites communes rencontrent lorsqu’elles veulent entretenir leur petit patrimoine. Faute d’argent, on cherche des solutions. Quitte à envisager des pistes qu’une non-inscription à l’inventaire des monuments historiques ouvre, synonyme de « liberté d’action ». Et à faire grincer des dents.

Le maire de Charmes Bernard Joffrain confirme que, dès qu’ « un bruit a couru », il y a eu « une levée de boucliers » parmi « un certain nombre de ses administrés ». Le bruit en question était celui fait par la sortie sur la place publique d’une information qui avait trait au travail que mène la municipalité, en quête de solutions pour prendre soin de l’église du village. Quel renseignement a bien pu échauffer les esprits ? La nature d’un des trois devis que la Ville a sollicités pour remplacer la porte de l’édifice. « Oui, nous avons aussi demandé combien pourrait coûter une porte en aluminium », sachant que le tarif d’une porte en bois a également fait l’objet de deux devis. Sans surprise, l’option alu a été envisagée parce que la cité doit naturellement avoir les reins de ses projets. « Le prix sera forcément un critère important dans le choix que nous ferons ». Sauf que, dans la durée, le prix n’est pas tout le coût d’une porte d’église, il faut penser à son entretien au cours du temps. « En bois, elle nécessite un coup de peinture environ tous les cinq ans. En alu, elle reste intacte pour quasiment l’éternité ». Oui, mais, aujourd’hui, si la cité devait prioriser la durabilité du matériau, elle devrait en revanche débourser tout de suite et maintenant 2 000 € de plus. Les devis effectués révèlent que « le moins disant est un artisan menuisier ». Pour fabriquer une porte en bois, ça va de soi.

Clôture du débat possible

Trésor de Charmes, l’église n’a toutefois pas mérité d’être classée : si la cité a tout loisir de faire ce qu’elle veut pour en prendre soin, elle peut aussi deviner que si elle entend s’appliquer, les financeurs seront moins aisément séduits (©JHM).

Régler une facture initiale plus importante pour en éviter d’autres demain ou bien, à l’inverse, abaisser la dépense de départ mais savoir qu’elle en entraînera d’autres, il faudra trancher. Sachant que, naturellement, derrière le départage entre les alternatives (alu ou bois), c’est la manière de prendre soin de l’église qui est en jeu. Si la cité devait placer la question de l’orthodoxie au-dessus de toutes les autres considérations, autrement dit écarter l’idée que la porte de l’église ressemble à celle d’un coffre-fort, le bruit s’étoufferait. Mais un deuxième couvercle pourrait éteindre le vacarme. « Au lieu de faire petit à petit, on pourrait envisager un projet global ». D’autant que mis bout à bout, les travaux de réfection dont l’édifice aurait besoin est longue. « Pour la porte, le toit, le mur… ». Opter pour cette hypothèse XXL ne change toutefois rien au problème de fond : les moyens sonnants et trébuchants de la commune sont modestes. Les élus sont donc aussi en train d’inventorier les subventions qu’il serait possible de décrocher, en évaluant leurs montants respectifs… et le reste à charge pour la cité. Aujourd’hui, « rien n’est décidé ». Et rien ne le sera « avant 6 mois à un an ». Toujours au regard de la fameuse modestie de ses moyens, la Ville aurait alors une ultime étape à franchir : étudier la faisabilité d’un plan de financement -elle se doute bien que le reste à charge, de toutes les manières, sera trop gros pour sa trésorerie. Bref, ce sera l’heure de frapper aux portes de l’État, du Département… « On va tirer tous azimuts ». Pour le moment, « la Ville n’a pas de retour sur l’ensemble des devis sollicités » -au moins apprend-on que la piste du projet global est sérieusement étudiée. L’idée d’une « cagnotte » qu’abonderaient les administrés qui le veulent bien est également déjà évoquée.

Comme toute petite commune, Charmes souhaiterait veiller sur son petit patrimoine, son trésor, même s’il n’a pas mérité d’être classé. En ayant conscience que si la situation présente « l’avantage de faire ce qu’on veut », il est contrebalancé par le désavantage de beaucoup moins aimanter les financeurs potentiels.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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