Haute-Marne : la fin des déchetteries mobiles fin octobre fait grincer des dents
En juin 2016, le Syndicat départemental énergie et déchets (Sded 52) votait la fin des déchetteries mobiles pour la fin de ce mois d’octobre. Celles de Neuilly-l’Evêque, Clefmont et Varennes-sur-Amance sont concernées, au grand dam des maires.
Un petit rappel des faits semble nécessaire pour comprendre une situation qui fait actuellement débat. En juin 2016, le conseil syndical de Sded 52 votait la fin des déchetteries mobiles du département lors du renouvellement du marché. Ce dernier sera effectif au 1er février 2022. Les déchetteries mobiles fermeront définitivement à la fin du mois, puisqu’elles ne sont pas en service en période hivernale. « En août 2016, nous avons envoyé un courrier aux maires concernés pour les informer de la décision », rappelle François-Xavier Deschervois, directeur du syndicat.
Et jusqu’à peu, cette décision, connue donc, n’a pas soulevé de remarques particulières. Les communes de Clefmont, Varennes-sur-Amance et Neuilly-l’Evêque bénéficiaient de la présence par quinzaine de ces déchetteries mobiles. Celles-ci avaient pu être maintenues en 2011 alors que le syndicat départemental avait décidé de transformer certaines unités mobiles en déchetteries fixes, celles que nous connaissons actuellement.
Absence de conformité
Ce maintien n’est plus possible d’un point de vue réglementaire et administratif rappelle le directeur du Sded 52 : « Elles ne sont pas conformes au code du travail, car il n’y a pas de point d’eau et de sanitaires. Elles ne sont pas closes alors qu’elles répondent à une déclaration ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement, Ndlr). De plus, leur fréquentation a été divisée par trois. »
Peur de voir fleurir des dépôts sauvages
Michel Kuzara, ancien maire et conseiller municipal de Neuilly-l’Evêque, affirme n’avoir découvert la situation que dernièrement. Et il vient de distribuer un courrier aux habitants dénonçant la disparition des services publics dans la commune. « Après la disparition de nos services publics : le centre d’équipement, la perception, la Poste devenue agence communale, (…) voilà maintenant la disparition de la déchetterie mobile indispensable pour ne pas voire fleurir des dépôts sauvages sur tout le territoire », dénonce-t-il.
Pétition envisagée à Neuilly-l’Evêque
Ce dernier affirme « ne jamais avoir eu connaissance du courrier d’août 2016 ». Le maire, Eric Oudot, découvre également la situation. Élu maire depuis le dernier scrutin, il déclare n’avoir pas trouvé trace de ce fameux courrier. Il a écrit au Sded 52, au Grand Langres également. Et il compte mobiliser les habitants au travers d’une pétition. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?
Philippe Lagler
Varennes-sur-Amance : « C’est un peu cavalier »
Le maire de Varennes-sur-Amance a du mal à accepter la façon dont le Sded 52 a géré la fermeture des déchetteries mobiles. « C’est un peu cavalier. C’est une décision qui a été prise, il y a 5 ans. Et franchement, je ne me souviens pas de ce courrier », explique le maire faisant référence au courrier envoyé en août 2016 pour informer les maires de Neuilly-l’Evêque, Clefmont et donc Varennes-sur-Amance, de la décision de ne pas reconduire les déchetteries mobiles à partir de 2022. Le Sded 52 nous a indiqué que Malou Denis était présente lors de l’assemblée générale du 16 juin 2016 qui a ratifié la fermeture à terme des déchetteries mobiles… « Les élus ne sont plus les mêmes depuis cette décision. Et j’ai souligné au syndicat qu’il agissait en sous-marin car on n’a pas eu de courrier de rappel depuis. Cela n’est pas correct », déclare Malou Denis. La commune qu’elle pilote se trouve « à 17 km d’une déchetterie mobile. On va devoir faire 34 km pour apporter nos déchets ? Je constate que l’on n’arrête pas de nous prendre des services en milieu rural et on nous prend pour des banques car on ne fait que payer pour des services que l’on n’a plus ».
Malou Denis souhaite que son conseil municipal prenne une délibération pour s’opposer à la fermeture de sa déchetterie. Une pétition est également envisagée comme à Neuilly-l’Evêque.
Des déchetteries mobiles moins fréquentées
Si ces déchetteries mobiles rendent service, le comptage des usagers effectué par le Sded 52 montre une baisse de fréquentation et une chute du tonnage recueilli. Ainsi, selon le Sded 52, la déchetterie de Clefmont est passée de 52 tonnes en 2015 à 32 tonnes en 2020. Pour Varennes-sur-Amance, le tonnage est passé de 77 tonnes à 26 tonnes et, pour Neuilly-l’Evêque, la baisse passe de 91 tonnes en 2015 à 34 tonnes l’an passé.
« Il y a beaucoup de déchets qui ne sont plus acceptés », relève Malou Denis, maire de Varennes-sur-Amance. Et effectivement, les déchetteries mobiles n’accueillent que 5 flux de déchets contre 22 en déchetteries fixes.
Et demain ?
Une proposition a été faite par le Sded 52 pour « un accompagnement technique » afin de créer des plateformes de compostage. Celles-ci pourraient alors prendre les déchets verts qui représentent une part importante des volumes déposés en déchetteries.