Propos irresponsables – L’édito de Patrice Chabanet
Les campagnes électorales, surtout la présidentielle, sont propices à tous les excès de langage. Dans cet exercice, les partis extrémistes excellent, histoire de grappiller quelques points dans les sondages. Dernier exemple en date, qui ne va pas changer la face du monde mais qui en dit long sur les recours à toutes les outrances : un élu de la France insoumise à la mairie de Cachan s’est interrogé sans sourire sur le rôle de la police, qui doit « protéger la population et pas nécessairement posséder des armes pour la tuer ». Buzz et polémiques assurés. Mais une chose est de provoquer, une autre est d’assumer. Bien sûr, quand le dérapage provoque une embardée, il faut trouver des responsables, des boucs émissaires. Les médias, entre autres. La nouvelle présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale en a rajouté une couche en prônant « un vrai débat sur la question de la police républicaine ». Ben, voyons.
La difficulté pour notre modèle démocratique est d’autoriser, conformément à la Constitution, la liberté d’expression tout en fermant la porte à la calomnie ou au simple délire verbal. La frontière est parfois ténue. Quel est le préjudice de propos irresponsables ? Quelle est la bonne échelle des sanctions ? Plus compliqué encore : que faire avec des élus qui savent jusqu’où aller trop loin ? A Cachan, l’adjoint au maire avait emprunté de gros sabots. Avant que la justice ne se saisisse du dossier, il serait peut-être bon que son parti lui rappelle les règles de base dans les prises de parole en public. Encore faudrait-il que l’exemple vienne du sommet. Or l’histoire récente a montré que la France insoumise avait une relation « compliquée » avec la police. De quoi libérer des comportements vindicatifs chez certains de ses militants.