Fournir les outils – L’édito de Christophe Bonnefoy
Un hommage, une commémoration, des poèmes, des plaques dévoilées ici ou là, une place renommée au nom d’une victime de la barbarie ne servent à rien, s’ils ne sont que l’expression du souvenir à un moment T. Les cérémonies sont nécessaires. Mais c’est aussi ce qu’on en fait, après, qui devient essentiel.
Vendredi, les écoles de France ont voulu se rappeler qu’un jour d’octobre 2020, la haine est venue faucher un professeur d’histoire-géographie qui n’avait eu pour seule prétention que de faire son travail. Avec passion. Et vivait son métier dans le souci permanent d’éveiller les consciences. Pas de les modeler, pas de les orienter, mais tout simplement de fournir à ses élèves les outils nécessaires à développer leur pensée, leur libre arbitre.
Hier, la plaque dévoilée au ministère de l’Education nationale est venue rappeler pourquoi Samuel Paty est mort. Et pourquoi nous ne devons pas l’oublier. Parce qu’il est désormais le symbole, comme d’autres, de ce pays des Lumières qui, même si c’est parfois compliqué, fait du mot liberté l’un des trois piliers de la République. Parce qu’il était comme ces milliers de professeurs qui continuent à prendre tellement à cœur leur mission. Parce qu’on préférera toujours confronter les idées que se répondre par la violence. Là aussi, il faut bien avouer que l’ouvrage doit sans cesse être remis sur le métier.
Les quelques incidents relevés vendredi dans les établissements scolaires montrent bien que l’éveil des consciences ne doit pas être qu’une belle idée. Et, c’est pourtant une évidence, mais il est toujours utile de le répéter, que le travail des professeurs n’est pas seulement de faire apprendre des formules mathématiques ou de rabâcher les règles de grammaire. Il est encore plus fondamental que la simple transmission des savoirs. En ce sens, c’est tout un corps de métier qui doit en permanence être l’objet de toutes les attentions. Tout l’inverse, parfois, de leur ressenti.