Histoire : ces Haut-Marnais qui ont rallié à la France libre ses premiers territoires
Décédé mardi, Hubert Germain était le dernier des 1 038 Compagnons de la Libération. Parmi eux, dix étaient Haut-Marnais, dont Pierre Marchand et Henri Sautot, acteurs du ralliement du Tchad et des Nouvelles-Hébrides au général de Gaulle dès l’été 1940.
« Dans (l’)intérêt (de la) France et (de l’)Empire », le Tchad proclame l’« union avec les Forces françaises libres du général de Gaulle et (la) collaboration entre nos alliés ». C’est ainsi que par un télégramme officiel en date du 26 août 1940, le gouverneur, Félix Eboué, un Guyanais, et le commandant militaire, le lieutenant-colonel Pierre Marchand, un Haut-Marnais, proclament, depuis Fort-Lamy (N’Djaména), le ralliement au général de Gaulle d’un des plus vastes territoires de l’Empire.
Le chef de la France libre ne restera pas insensible à cette marque de confiance, élevant aussitôt Marchand au grade de colonel, le nommant parmi les neuf membres du Conseil de défense de l’Empire aux côtés d’un certain colonel Leclerc, enfin lui remettant, le 27 août 1941, la croix de l’Ordre de la Libération.
Déchéance de nationalité
Né à Laneuville-à-Bayard le 29 septembre 1893, Pierre-Alexandre Marchand était un Haut-Marnais jusqu’au bout des ongles. Son père, Léon, instituteur, étant originaire de Mussey-sur-Marne, sa mère, Marthe Briquet, d’Avrainville. Puis la famille s’est fixée à Langres, avant de revenir à Wassy.
A ce “vieux” colonial, comme d’ailleurs son frère cadet Jean qui sera lui aussi général, Charles de Gaulle devait encore témoigner de son estime en le nommant général de brigade, en 1942. A l’inverse, cette année-là, l’Etat français le met au ban du pays, en prononçant sa déchéance de nationalité (cela concerne aussi Eugène Freby, de Clinchamp), en l’excluant de l’ordre de la Légion d’honneur, en le mettant à la retraite d’office, en plaçant ses biens sous séquestre. Pas de quoi faire fléchir un Compagnon de la Libération, nommé commandant supérieur des troupes de l’Afrique française libre le 30 janvier 1943, à la place d’un certain général Leclerc.
Maire de Nouméa
Avant le Tchad, un autre territoire s’était rallié. C’était même le premier, dès le 20 juillet 1940 : les Nouvelles-Hébrides, administrées par Henri Sautot, né à Bourbonne-les-Bains en 1885. Ensuite gouverneur de Nouvelle-Calédonie, le Bourbonnais devait, lui aussi, être accueilli dans l’Ordre des Compagnons*. Il est décédé en 1963 à Nouméa, ville dont il fut maire, et le général Marchand en 1971.
L. F.
- Avec René Quantin, de Joinville, Justin Dangel, d’Harméville, André Sorret, de Bettaincourt-sur-Rognon, Christian Pineau, Roger Lévy et Gabriel Thierry, de Chaumont, Gustave Barlot, de Provenchères-sur-Meuse, Robert Gouby, de Bourbonne-les-Bains.