La Culotte de Jean Anouilh trouve son public à Langres
Pièce datant de 1978 mais au thème qui colle encore parfaitement à nos jours, La Culotte jouée par la compagnie du Hérisson masqué a fait rire le public venu samedi 16 octobre 2021 au théâtre Michel-Humbert de Langres. Une représentation qui a enthousiasmé aussi bien sur scène que dans les gradins.
En tenue d’Académicien mais attaché à un mannequin, c’est ainsi que Léon de Saint-Pé apparaît pour la première fois aux yeux du public. Cet écrivain et journaliste, dont les spectateurs entendront plusieurs dizaines de fois durant la pièce qu’il écrit dans Le Figaro, se retrouve dans cette situation du fait de son attitude.
En effet, l’homme de lettres est fustigé par sa famille et notamment par sa femme pour son comportement avec la bonne, à qui il a fait un enfant. Une infidélité d’autant plus grave que la société est devenue matriarcale et que Léon, qui attend son procès, ne risque ni plus ni moins que l’émasculation.
Vont s’enchaîner alors les scènes où les différents personnages de la pièce entrent en interaction avec l’Académicien. Les uns pour le fustiger pleinement et les autres, à l’instar de son avocat, pour essayer de « finir à la Sixtine » -ce soutien se révélant parfois plus préjudiciable qu’autre chose.
Caricature des féministes et de l’intolérance intellectuelle
Si, à première vue et dès la scène d’introduction, la pièce semble être une critique des excès masculin prenant la forme d’une grosse farce, au fil des minutes, on perçoit tout le plaisir qu’a eu Jean Anouilh à écrire cette pièce. Sous couvert du fameux procès, l’auteur caricature la bien-pensance mais aussi le féminisme dans son côté excessif. En témoigne le nom donné à la présidente du collectif des femmes du XVIe, à savoir Mme de Beaumanoir, référence ironique à Simone de Beauvoir.
Même les petits ratés servent la représentation
Pièce à l’humour assumé, La Culotte a suscité de nombreux rires dans les rangs du public mais aussi sur scène où même les petites imperfections ont servi la représentation. Une manière pour le lien se créant entre comédiens et spectateurs de se trouver renforcé. Cela a notamment été le cas lors de la plaidoirie de Lebelluc, avocat de Léon de Saint-Pé, dont la prise de parole a amené des sourires sur les visages des autres artistes sur scène.
Création ayant traversé l’épreuve du temps comme l’ont souligné les comédiens, le public et la fille de Jean Anouilh, elle-même présente samedi soir (voir encadré ci-dessous), La Culotte a offert un moment de détente. Une parenthèse à la fois drôle et enrichissante pour les personnes venues retrouver la joie d’assister à une pièce de théâtre.
Pierre Gaudiot
p.gaudiot@jhm.fr
« Du courage pour remonter la Culotte »
Présente pour la représentation samedi 16 octobre au théâtre Michel-Humbert de Langres, Colombe d’Harcourt Anouilh, la fille de Jean Anouilh, a exprimé tout son plaisir d’avoir vu le public s’amuser en regardant la pièce de son père, mais aussi le courage de la compagnie d’avoir monté cette œuvre. Expliquant qu’il s’était lui-même « beaucoup amusé à l’écrire et je dis cela en étant moi-même féministe », Colombe d’Harcourt Anouilh est montée sur scène au terme de la représentation.
Soulignant également sa joie de voir le théâtre reprendre petit à petit, la fille de Jean Anouilh a aussi fait part du plaisir qu’elle a eu « à découvrir tout au long de la journée votre belle ville de Langres ». Expliquant vouloir revenir une prochaine fois mais « aussi en faire la promotion auprès de son entourage », elle a par la suite pris le temps de répondre aux questions du public. Colombe d’Harcourt Anouilh a par la suite formulé le souhait de voir la compagnie du Hérisson masqué, « qui avait le projet de jouer la Culotte depuis deux ans », interpréter d’autres pièces de son père. Une occasion pour elle peut-être de revenir en terres lingonnes.