Sans ménagement – L’édito de Patrice Chabanet
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Qu’on ne s’y méprenne pas : Nicolas Sarkozy et la Justice sont engagés dans un long bras de fer. Cette fois-ci, l’ancien président de la République doit être entendu comme témoin dans l’affaire dite des sondages. Il bénéficie de l’immunité pour son action pendant son mandat, mais il ne peut se dérober aux obligations attachées à tout témoin. Tous les constitutionnalistes sont d’accord là-dessus. Mais comment ne pas voir une forme d’acharnement dans la présentation de la procédure ? Nicolas Sarkozy sera amené au tribunal par « la force publique ». En clair, il sera encadré par deux gendarmes. Effet sur l’opinion publique garanti. On n’est plus loin de la justice spectacle. On imagine déjà la forêt de caméras et d’appareils photo pour saisir cet instant inédit. Certes Nicolas Sarkozy avait prévenu : il ne viendrait pas à ce procès. Il viendra.
Il a ce qu’il mérite, pensent ses détracteurs qui estiment que le droit commun s’applique à tous les Français, y compris au premier d’entre eux. Mais voir la justice mettre au pas un président de la République ne donne pas une image valorisante de notre démocratie. Dans ces ténébreuses affaires de financement, il n’y a pas eu mort d’homme. Nicolas Sarkozy a déjà payé cash ses erreurs, ses oublis et ses ambiguïtés. Il a été balayé sur le plan électoral, rejeté par les militants de son parti dans des primaires meurtrières pour lui. Depuis, sa remontée dans les sondages témoigne d’un regain de sympathie dans l’opinion publique. Il n’est pas sûr que ses déboires judiciaires le desservent aujourd’hui. Actuellement, les Français ont bien d’autres soucis que le cours de la Justice. Celui du pétrole et du gaz leur paraît beaucoup plus important dans la gestion de leur quotidien.