Après un tour des musées, ils créent des costumes « non-genrés »
Ils ont entre 11 et 13 ans, parfois plus. Pariant que ces ados qui habitent les Quartiers-Neufs de Langres avaient une vision stéréotypée de l’homme et de la femme, ils ont été invités à participer à des ateliers pour s’en défaire. En réalisant notamment des costumes qui iraient autant à l’un qu’à l’autre.
La feuille de route du projet Regards culturels et artistiques sur l’égalité des sexes, qui s’est concrétisée cette semaine, à partir de lundi 25 novembre 2021, avait d’abord pour objectif d’amener des jeunes habitant les quartiers prioritaires dans les musées de Langres. Avant qu’ils découvrent la Maison des Lumières de Denis Diderot (MLDD), où Agathe Billon est chargée des publics, ils avaient goûté la visite du musée d’art et d’histoire. « Ce sont souvent les objets qu’on trouve autour d’ossements qui nous font avancer qu’ils sont les restes d’un homme ou d’une femme. Or, le premier pouvait porter des bijoux, la seconde, manier des armes ». Agathe a recommencé la démonstration à la MLDD, en pointant par exemple que les garçons avaient porté le chignon. Aussi, merci de cesser aujourd’hui de déduire le sexe d’une personne à partir de sa coiffure, « c’est un regard sexiste ». Cap sur les entrailles de la MLDD, où les huit ados réunis au sous-sol autour d’une table ont convoqué les « stéréotypes de genre » qu’ils connaissaient. « Les filles à la cuisine » pour résumer. Voilà pourquoi chacun s’est mis à créer un costume « non-genré » -Sarah a ainsi apposé de la dentelle sur une chemise de garçon. « On a reçu des subventions de la Ville pour ce projet, notamment pour faire venir Salomé Aurat ». Devant l’adjointe à la culture Patricia Guérin, venue à la MLDD jeudi 28 octobre, Agathe a dit sa reconnaissance à la municipalité.
« En vacances, les ados ont posé des heures »
« L’idée, c’était de bousculer les a priori ». D’autant que, selon le coordinateur du programme de réussite éducative Benoît Vila Suarez, qui s’est impliqué dans ce projet avec l’éducatrice de l’ADPJ Mélanie Protoy, l’école ne s’en charge pas forcément. « Le groupe est constitué d’ados qui avaient envie d’y entrer… et d’autres, pas du tout ». Il s’est félicité que les seconds aient finalement pris plaisir à en être autant que les premiers, sachant qu’ils ont tous « posé des heures pendant leurs vacances ». Que ceux qui « n’osent pas réaliser » aient su façonner un costume et qu’ils soient prêts à « le montrer », également. Après une « séance shooting » des ados revêtus de leurs créations, ceux-ci vont en effet lancer des invitations à leurs parents et aux élus pour le vernissage de l’exposition de leur travail jeudi 04 novembre salle Colson -Patricia Guérin a eu la sienne dès jeudi. « Moi, je tire mon chapeau aux participants ». Bref, Benoît a dit tout le bonheur qu’avec l’artiste plasticienne Salomé Aurat, venue de Clermont-Ferrand, ils avaient eu en travaillant sur ce projet. Celle-ci a renchéri. « J’ai félicité les ados à plusieurs reprises. Quand ils sont arrivés, ils avaient en tête des stéréotypes, mais ils ont aisément su se projeter dans autre chose ». Ce projet, qui s’inscrit dans le cadre du contrat de ville, traduit une volonté « politique », l’adjointe à la culture en a convenu. L’exposition durera trois jours.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr