L’EPIDE se déconfine et confronte ses volontaires talentueux à ses partenaires
Après que la crise sanitaire a tout remisé, l’EPIDE a pris le temps et le plaisir, jeudi 04 novembre 2021, de recevoir ses partenaires. La directrice Séverine Gilot a souligné les nombreux talents de ses volontaires, sous leurs applaudissements. Avant que ceux-ci en fassent à leur tour l’objet.
Une soirée au carré, à la marque de l’EPIDE. Qui a dévoilé jeudi 04 novembre 2021 tout le soin que l’établissement prend de ses jeunes volontaires, auxquels l’établissement travaille à rendre un destin. En invitant ses partenaires à visiter ses entrailles, à comprendre sa tuyauterie, l’EPIDE leur a aussi rendu des comptes. Avant que sa directrice Séverine Gilot rappelle que ces jeunes gens sont dans les murs de l’institution « parce qu’ils (lui) font confiance ». Insiste sur les multiples talents qu’ils révèlent, dès qu’ils tiennent à distance leurs parcours individuels complexes. L’occasion du rendu de leurs réalisations au cours d’ateliers peinture et fabrication de jeux pédagogiques a fourni le prétexte à l’illustrer face aux partenaires de l’EPIDE, qui méritaient eux aussi d’être applaudis. Après une période esquintée par la crise sanitaire, qui a « ralenti les activités », c’était soirée retrouvailles.
Revenir dans le jeu commun
Des salles qui se succèdent aux salles. Les partenaires de l’EPIDE ont pu voir son dispositif réinsertion sur pied : ici, les volontaires apprivoisent le fonctionnement des ordinateurs pour bâtir un CV, se former, chercher des stages et un emploi. Le chargé de projet civique et citoyenneté Nadège Varinot poursuit la visite, égrenant ainsi les stratégies que l’institution met en place pour remettre le pied de jeunes gens esquintés à l’étrier. Là, ils apprennent le code de la route, testent la conduite dans un simulateur. « Une convention avec des auto-écoles leur permet de passer le permis pour 150 euros ». Salle suivante, place à la restauration de l’image de soi, peu avant celle de la sophrologue. Les chambres des volontaires sont spartiates, tout le règlement de l’EPIDE, strict.
Contrôle et attention rapprochés
« Pas de téléphone mobile à table, pas de musique dans les oreilles, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur du bâtiment ». Les volontaires doivent attendre d’être rentrés dans leurs chambres pour utiliser leurs écouteurs. « Vêtements pliés dans l’armoire, lits au carré, denrées périssables et plats tout faits exclus des armoires, port soigneux de l’uniforme… ». Toutes ces consignes font l’objet d’un contrôle serré. Comme l’attention dont les volontaires bénéficient. Une fois par semaine, « on fait le point » sur leur situation ici et chez eux. Au quotidien, on s’inquiète de savoir comment ils vont. Leur santé, y compris psychique, fait l’objet d’une vigilance toute particulière. L’EPIDE dispose d’un pôle médico-social, et les volontaires bénéficient de la CMU-C. La chargée d’insertion Evelyne Gally se préoccupe des questions budgétaires. « On leur donne des petits coups de pouce, ponctuels » pour éponger deux ou trois dettes, sachant que des jeunes gens en sont parfois criblés. « Des banques ont autorisé des découverts disproportionnés par rapport à leurs revenus, ils ont accumulé des amendes dans les transports en commun… ». Mais les « coups de pouce », ce sont aussi des tickets d’alimentation. Dans des familles, « ils ont parfois faim ». La visite continue. Entrée maintenant dans la salle de renforcement musculaire, sachant qu’elle a sa cousine, la salle cardio. La première « fait peur aux jeunes » : ils doutent souvent de leurs corps. « 42 squats, 52 pompes, 19 abdos, 60 banquers… après l’échauffement, c’était le menu de la dernière séance d’une heure »… Le pied revient dans l’étrier à condition de se reprendre à zéro.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Huit mois au minimum
Les volontaires entrent pour une période minimum de huit mois à l’EPIDE, renouvelable dans la limite de deux ans. Dès qu’ils sont sur le chemin de la réinsertion, des « contrats d’accompagnement » peuvent les épauler. « Pendant trois mois, on leur apporte une aide financière -caution, achat de meubles, prêt d’un scooter… ».
Parrains historiques
« Voilà sept ans qu’on organise deux temps en partenariat avec l’EPIDE ». Le responsable du service patrimoine de la Ville David Covelli stabylote l’utilité des visites des lieux emblématiques de l’histoire de Langres. « Savoir où l’on est » participe à la qualité de l’adaptation. En entrant par la porte patrimoniale, on est conjointement confronté à des termes, à des noms qu’il faut décrypter. Un effort qui pousse à se fondre dans la vie commune. « Une trentaine de visites ont été organisées depuis 2015, qui ont regroupé 750 jeunes ». Ceux-là ont révisé l’antienne qui veut que « Langres soit la petite Sibérie ». Par ailleurs, « les journées environnementales » qui réunissent 7 ou 8 jeunes pour nettoyer les abords de « la citadelle qui a attendu un ennemi qui n’est jamais venu », ça fait un bilan. « 300 jeunes ont nettoyé 1,5 ha en 240 h ». Comment ignorer dans la ville de Diderot que « dans la vie, chacun doit avoir sa chance » ? Décidément, le philosophe s’est montré « révolutionnaire », et David Covelli « n’est pas loin de penser » qu’avec moult homologues, Diderot a inventé « la nécessité de l’insertion ».
« On était venu voir l’EPIDE ». Le directeur général de DÉFIS David Horiot avait avec lui plusieurs structures parentes, qui travaillent aussi à la (ré)insertion. L’EPIDE était installée à Langres depuis trois ans, il fallait se parler. Un partenariat s’est noué autour de l’évaluation, qu’il s’agissait d’externaliser. « Environ 200 jeunes ont été évalués en une petite dizaine d’années ». Une décennie marquée par un prix, le premier de tous les EPIDE, qu’on est allé chercher au sénat. Si une espèce d’effilochement a été constaté, son temps est révolu. David Horiot a ainsi annoncé qu’une convention allait remettre d’équerre le partenariat de Défis avec l’EPIDE. Il portera sur « l’évaluation » toujours, mais, « cette fois, pour une quinzaine de métiers ». Rendez-vous le 1er décembre pour le signer. « Un partenariat est bon quand il s’inscrit dans la durée ».