Solutions expéditives – L’édito de Patrice Chabanet
Les campagnes électorales sont le terrain de jeu de toutes les audaces et de toutes les promesses. Et plus il y a de candidats, plus elles se multiplient pour retenir l’attention de l’électeur. Une façon d’exister, surtout lorsque les sondages vous donnent de faibles scores. Dans cet exercice, Arnaud Montebourg révèle un certain talent. Il vient de proposer le blocage des transferts d’argent privé vers les pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants sous le coup d’une mesure d’expulsion. Une solution radicale qui a eu surtout pour effet de susciter la colère de la gauche et la bienveillance de la droite et de l’extrême droite.
Au-delà de la polémique politique, la proposition de Montebourg est une fausse bonne idée. Elle revient à procéder à des représailles générales. Le travailleur immigré, en règle, se verrait sanctionner de fait et dans l’impossibilité de faire parvenir à sa famille une partie de son salaire régulièrement touché en France. En outre, le blocage de ces transferts, évalué à 11 milliards d’euros, ne pourrait qu’aggraver la situation des pays destinataires et renforcer le courant migratoire.
Il n’en demeure pas moins vrai que la France ne peut plus, ne veut plus garder sur son sol des milliers de délinquants que leurs pays d’origine ne veulent plus reprendre. Cela appellera, qu’on le veuille ou non, le durcissement de nos rapports avec ces Etats qui s’en lavent les mains dès lors que leurs ressortissants ont maille à partir avec la justice française. La réalité est finalement plus simple qu’il n’y paraît : il y a de très nombreuses années que la question des expulsions et de leur mise en œuvre est posée. Et puis, au détour d’une campagne électorale un gadget procédural est proposé avant d’être oublié quelques mois après. Une approche nouvelle devient plus que jamais nécessaire.