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Saint-Dizier, 11 novembre 1918 : « Une explosion de joie générale »

Le 11 novembre 1918, l’armistice est signé dans un wagon-restaurant à Rethondes. Bien que temporaire dans un premier temps, il met fin aux combats de la première Guerre mondiale, provoquant la joie des Bragards, comme le raconte Henri Darcémont dans ses carnets de guerre.

« Finich guerre. Finich. » La nouvelle n’est pas encore officielle, en ce petit matin du 11 novembre 1918, mais déjà les soldats américains stationnés à Saint-Dizier célèbrent la victoire. Henri Darcémont, directeur de l’école Gambetta a retracé ce jour historique dans les carnets qu’il a tenu tout au long de la guerre.

Le 11 novembre, voici ce qu’il écrit dans son carnet n°13 : « Très tard, dans la soirée du 10 novembre, des militaires et des gens qui se disent bien informés annoncent la conclusion de l’armistice avec l’Allemagne (il ne sera en réalité signé qu’à 5 h 15, Ndlr). Le lendemain matin 11 novembre, la nouvelle colportée un peu partout, semble vraisemblable : elle s’accrédite bientôt, quand vers 8 h on voit passer des automobiles pavoisées de drapeaux des puissances alliées. Les soldats américains crient, en dansant, gesticulant et même en s’embrassant. De tous côtés, on s’abordait en disant : Eh bien ! Ça y est ! Est-ce vrai ! »

Sirènes et cloches à toute volée

Et Henri Darcémont de poursuivre : « Enfin, vers 13 h 30, la nouvelle officielle arrivait, et à 13 h 45 les cloches de la ville sonnaient à toute volée, en même temps que les sirènes, dont la voix jusqu’ici lugubre paraissait joyeuse. Ce fut alors une explosion de joie générale chez la population comme chez les militaires français et alliés, très nombreux dans la ville. »

Mais ce qui a surtout frappé l’instituteur, c’est qu’en « un clin d’œil, des milliers de drapeaux furent hissés aux fenêtres des habitations et des édifices publics. Jamais la ville ne fut pavoisée avec autant d’ensembles. La joie, combien légitime, rayonnait sur tous les visages et de toutes les poitrines s’exhalait un enthousiasme débordant. » A une exception près : « Il n’est pas jusqu’aux prisonniers boches qui accueillaient avec un large sourire les quolibets de la foule », souligne Henri Darcémont.

Puis il poursuit ainsi son descriptif de cette journée pas comme les autres : « A 15 heures, M. Moyon, sous-préfet, en uniforme, les autorités civiles et militaires prenaient place au balcon de l’Hôtel de Ville magnifiquement pavoisé, sur lequel était exposé le buste de la République, pendant que la musique des bataillons d’étapes, donnait un concert au milieu des applaudissements d’une foule énorme. »

La fête en ville

Dès le lendemain, la fête s’installe en ville. « La soirée du mardi 12 novembre comptera aussi parmi les plus mémorables », ajoute Henri Darcémont. « Toutes les administrations, les écoles, la plupart des usines étaient fermées. Une foule compacte et joyeuse n’a cessé de défiler dans les rues et de stationner sur la Place d’Armes, où de nouveaux emblèmes étant venus s’ajouter aux nombreux trophées déjà posés la veille, lui donnaient un coup d’œil féérique. A huit heures, l’excellente musique des Bataillons d’Etapes donna un concert. Tous les morceaux de circonstance, ainsi que les hymnes nationaux, furent fort bien exécutés et très applaudis. A l’issue du concert, un court défilé eut lieu où la musique précédée et suivie d’une foule enthousiaste a joué des marches entraînantes. »

Des cigarettes pour les malades

Enfin, Henri Darcémont précise qu’ « à l’occasion de la signature de l’armistice, il a été distribué aux hôpitaux de Saint-Dizier, au nom de la République, une somme de 1 000 F. […] En outre il est délivré à chaque blessé ou malade, civil ou militaire, auxquels il n’est pas interdit de fumer, un cigare et cinq cigarettes. » Autre temps…

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr

« L’hydre teutonne est enfin terrassée »

Dans ses carnets, Henri Darcémont retranscrit la proclamation affichée par la Municipalité. « Ville de Saint-Dizier. Bragards ! La Victoire est à Nous ! Grâce à l’héroïsme des troupes françaises et alliées, héroïsme qui n’a pas fléchi un instant pendant 52 mois de luttes sanglantes ; Grâce au génie du Haut Commandement et à l’énergie des Chefs du Gouvernement, l’hydre teutonne est enfin terrassée ; L’ennemi vaincu implore la Paix ! L’heure de la Justice a sonné. L’histoire l’enregistrera comme la plus solennelle que le monde ait jamais connue. Avec elle s’ouvre une ère nouvelle, l’ère de la Liberté des Peuples. Que partout flottent nos étendards Victorieux. Haut les Cœurs ! et Vive la République ! »

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