Garder les yeux ouverts – L’édito de Christophe Bonnefoy
Ce ne peut être ça. Ça ira mieux demain. Ça n’est pas grave. Harcèlement scolaire ? Pensez-vous… C’est en tout cas un peu l’impression que peut ou a pu donner, vu de l’extérieur, le cours presque tranquille de l’Ecole. Du primaire au lycée. Et pourtant. Ce qu’on n’a pas vu ou pas voulu voir est une réalité et se révèle dramatique. La pression exercée par des élèves, sur d’autres, peut mener au pire. A la mort. Par désespoir, par manque de confiance en soi, par peur de ne pouvoir parler. Ou tout simplement parce que même en posant des mots sur les coups reçus, réels ou virtuels, on n’est pas entendu.
Il aura fallu bien des victimes peut-être marquées à vie, ou d’autres qui n’auront trouvé qu’un geste définitif pour croire se libérer, avant qu’enfin, on semble considérer le problème comme prioritaire. Parce qu’on ne savait pas comment y répondre ? Peut-être. On préfère souvent, si l’on peut dire, glisser les problèmes sous le tapis lorsqu’on ne sait apporter les solutions adéquates.
Emmanuel Macron a annoncé hier une série de mesures. Pour prévenir, d’abord. On pourra avoir un doute certain sur l’efficacité d’une appli d’aide aux victimes, entre autres. Bien souvent, les élèves harcelés préfèrent se renfermer sur eux-mêmes plutôt que de s’ouvrir. Même à leurs parents.
En revanche, il est certain qu’impliquer les acteurs de la vie scolaire – encadrants ou autres élèves de l’établissement – est encore le meilleur moyen, en premier lieu de détecter les situations à risque. Ainsi, le programme de prévention pHARe va être généralisé, avec pour objectif d’atteindre 100 % des collèges d’ici à juin. Objectif : continuer à former des élèves ambassadeurs et les personnels de l’Education nationale, avec, bien sûr, la connaissance des bons réflexes à adopter en cas de harcèlement. Mais dès qu’il est repéré. Pas quand il est trop tard.