La manière forte – L’édito de Patrice Chabanet
L’Allemagne et, surtout, l’Autriche ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Retour du confinement, renforcement des mesures barrières, mise en place de l’obligation vaccinale. Une réponse radicale pour endiguer la vague montante des contaminations. Que n’avait-on dit voilà quelques mois ? Nos voisins d’outre-Rhin étaient cités en exemple d’une gestion optimale de la pandémie. Malheureusement, il aura suffi d’un relâchement pour que la situation se retourne.
Pour le moment, la France paraît épargnée par ce retour de manivelle. Mais on n’est jamais trop prudent. L’idée d’imposer une troisième injection suit son chemin. Tout se passe comme si on préparait l’opinion publique à un encadrement plus sévère de la lutte contre le Covid. L’approche des fêtes de fin d’année fait naître une double crainte : que l’épidémie surfe sur les rencontres familiales et que l’opposition à un éventuel reconfinement se radicalise.
Le plus inquiétant dans cette affaire est le manque de visibilité, avec de mauvaises et bonnes surprises. Ainsi on apprend que la troisième injection ferait déjà sentir ses premiers effets au bout de 48 heures. Pourquoi ? On ne le sait pas vraiment. Ce sont ces zones d’incertitudes qui ouvrent des boulevards aux polémiques stériles. Faut-il faire payer les frais médicaux – notamment les journées de réanimation – aux opposants à la vaccination ? Autre question : peut-on se targuer d’une situation privilégiée par rapport à nos voisins, au risque d’être démenti d’ici à quelques semaines ? Et l’on retombe dans l’éternel débat : l’excès de prudence, concevable sur le plan sanitaire ne met-il pas en danger nos principes de liberté ? Tant que nous serons obligés de cohabiter avec ce maudit virus la question restera ouverte. Cela risque de durer longtemps.