A Saint-Dizier : le cyberharcèlement s’invite au forum Kiff’ ta santé
Nouveau partenaire du CCAS, l’association E-Enfance était présente mercredi 24 novembre au forum Kiff’ ta santé. Son objectif : sensibiliser les jeunes aux dangers d’Internet et au cyberharcèlement.
« On n’est pas là pour dénigrer Internet ou les réseaux sociaux. Ça peut apporter beaucoup de choses, c’est un outil. Mais comme tous les outils, on peut se blesser avec. » Zachary sait choisir ses mots pour s’adresser au public jeune. Mercredi 24 novembre, il était présent au forum Kiff’ ta santé, au centre socioculturel, au nom de l’association parisienne E-Enfance.
Sur les stands voisins, on parle nutrition, tabagisme, sexualité, hépatites, santé bucco-dentaire, addictions ou accès aux droits (Sécu, CAF…). Lui, il parle de cyberharcèlement, de revenge porn, d’arnaques en ligne… « Nous sommes là pour apporter des conseils. On leur parle d’abord du 30.18, un numéro anonyme, gratuit et confidentiel. Quand on est face à un problème, ce numéro peut aider à adopter les bons réflexes : signaler le contenu haineux au réseau social où il a été publié, faire des captures d’écran des messages, bloquer la personne… »
« On est aussi là pour développer l’empathie chez les plus jeunes. En se mettant à la place des autres, ils peuvent prendre conscience de certaines choses. Imaginons une conversation de groupe sur un réseau social pour dénigrer une personne de la classe. Comme la victime n’est pas sur le groupe, elle ne le sait pas, donc pour certains, ce n’est pas grave. Mais c’est clairement du cyberharcèlement. Si elle finit par découvrir les messages, ça peut la détruire », insiste Zachary.
« De plus en plus de personnes dénudées »
Ce mercredi, il proposait un petit exercice aux jeunes visiteurs du forum Kiff’ ta santé : lister les points positifs et négatifs des réseaux sociaux et proposer des solutions. « Dans les points négatifs, les jeunes ont inscrit : “de plus en plus de personnes dénudées sur les réseaux sociaux”, “trop de faux comptes”, “de plus en plus de harcèlement”, “des enfants trop jeunes sur les réseaux”… Et tous demandent un meilleur contrôle, par les parents comme par les sites eux-mêmes. »
« Les parents doivent être là pour défendre leur enfant »
Et l’association s’adresse aussi aux parents, d’ailleurs bien plus nombreux que les jeunes à contacter le 30.18. « Il faut surveiller, mais pas interdire systématiquement. Il faut rester dans le dialogue et expliquer les choses. Car si l’enfant est un jour confronté à un problème, il aura peur de se faire gronder parce qu’il aura fait quelque chose d’interdit et il n’en parlera pas. Les parents doivent être là pour défendre leur enfant. Pas pour le punir. »
Tiers de confiance
Enfin, l’association E-Enfance, qui gère le 30.18, bénéficie d’un statut de “tiers de confiance”, auprès des plateformes Internet. « Quand quelqu’un rencontre un problème avec un réseau social, c’est parfois long avant que le signalement soit pris en compte et que le contenu problématique soit retiré. En tant que tiers de confiance, on peut faire accélérer les choses. » Et Zachary de conclure : « Le plus important, c’est de signaler. Plus il y aura de signalements, plus ce sera safe pour les utilisateurs… »
P.-J. P.
pj.prieur@jhm.fr
Attention aux challenges
Les challenges sont un phénomène apparu il y a quelques années sur les réseaux sociaux. Il s’agit de se filmer en train de réaliser un défi plus ou moins farfelu. Mais certains peuvent être dangereux. Pour Zachary, il faut donc s’en méfier. « Ils ont évolué. Au départ, il y avait des défis qui représentaient un danger immédiat comme le “Ice bucket challenge” (qui consiste à se renverser un seau d’eau glacé sur la tête) ou le “blue whale challenge” (50 défis en 50 jours, de plus en plus dangereux chaque jour, le dernier consistant à se donner la mort). »
« Aujourd’hui, c’est un peu différent. Il n’y a plus de danger immédiat, mais on est souvent dans le contenu sexualisé qui peut avoir des effets négatifs à long terme, comme le “silhouette challenge”, dans lequel il faut réaliser une danse, d’abord habillé, puis la même en étant nu avec un filtre rouge pour se cacher. Sauf que certains arrivent à enlever le filtre », a expliqué Zachary à deux lycéennes. Des images qui peuvent ensuite se retrouver entre des mains malveillantes…