Tout sauf cordial – L’édito de Patrice Chabanet
Il nous cherche. Nous trouvera-t-il ? Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, empêtré dans sa gestion du Brexit, fait tout pour nous provoquer. Il tire sur toutes les manettes à sa disposition et elles sont nombreuses. Relevons seulement le conflit des pêcheurs, le dossier irlandais et la question migratoire. Sur ce dernier point, il n’y va pas avec le dos de la cuiller en s’adressant – publiquement – par lettre via Twitter à Emmanuel Macron. Une goujaterie contraire aux usages diplomatiques, surtout entre nations alliées. L’entente cordiale, régulièrement évoquée, jetée à la corbeille. Sur le fond, on en est carrément au « foutage de gueule ». Le locataire du 10 Downing street exige des Français qu’ils reprennent les migrants qui sont parvenus illégalement sur le sol britannique. Ben voyons.
Faut-il rappeler à cette occasion que c’est le modèle britannique qui attire comme un aimant les candidats à l’émigration ? Et pas le pays de transit qu’est la France. Des secteurs entiers d’outre-Manche sont friands de cette population dans l’illégalité, captive donc et bien utile pour maintenir les salaires à un bas niveau. Ce n’est pas à force de taper sur notre pays que Boris Johnson parviendra à se rendre crédible et parvenir à ses fins.
L’affaire des pêcheurs est de la même eau, si l’on ose dire. Au bout du compte, refuser d’accorder des licences à une centaine de Français ne peut qu’être improductif. Les représailles possibles seront plus gênantes pour le Royaume-Uni, compte tenu de sa situation insulaire, que pour la France. On peut se demander d’ailleurs si l’aggressivité mordante – et de mauvaise foi – de Boris Johnson n’est pas l’expression d’une stratégie défaillante. Faisons-lui confiance pour nous sortir une nouvelle pirouette. Une conception très spéciale de l’humour britannique.