A la hussarde – L’édito de Patrice Chabanet
A ce rythme-là, on se demande comment va évoluer la campagne présidentielle. Nous ne sommes qu’en pré-campagne, faut-il le rappeler ? Piqué au vif par les commentaires qui le voyaient traverser un passage à vide, Eric Zemmour a donné un gros coup d’accélérateur hier dans son meeting à Villepinte. Le discours s’est fait plus dur, avec une insistance particulière sur la préférence nationale. Jusque-là, rien de vraiment surprenant : l’homme est resté logique avec lui-même. Il a su aussi éviter les dérapages de langage qui avaient parsemé son parcours. En revanche, il s’est rattrapé, si l’on ose dire, en s’en prenant sans nuances à deux présidents de la République, un ancien, Jacques Chirac, accusé de démagogie, et l’actuel locataire de l’Elysée, Emmanuel Macron, attaqué sur sa politique et plus encore sur sa personne, avec une violence rarement vue. En cela, il est resté dans le registre traditionnel de l’extrême droite. Emporté par son élan face à des partisans conquis et survoltés, son audace rhétorique n’est pas sans risque pour lui : ses adversaires ne lui feront aucun cadeau, en fouillant plus activement dans ses discours et ses écrits.
Valérie Pécresse verra sans doute dans ces outrances verbales une justification pour sa prise de position dès son élection de candidate LR pour la présidentielle : rejet total d’alliance avec les extrêmes. Mais ce faisant, elle s’est attiré illico une critique d’Eric Ciotti qui veut faire pencher le parti gaulliste nettement à droite. Elle a sans doute compris, non sans raison, que pareille tentation la handicaperait pour récupérer les électeurs de droite qui ont choisi le camp de Macron. Mais dans une période où tout devient possible, rien ne dit alors que le clan Ciotti soutiendra Valérie Pécresse sans broncher, ou… sans rompre. Il faut également garder à l’esprit que l’actuelle majorité ne va pas se contenter d’observer. Comme dirait l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, « la poutre travaille ».