Souvenirs d’un centenaire
Le nom de Lilian Thuram est désormais lié à jamais à la Croatie. Le 8 juillet 1998, la France dispute la demi-finale de “son” Mondial au Stade de France. Alors que les Croates ouvrent le score, le joueur de Parme (à l’époque) va vivre certainement une de ses plus grandes émotions avec l’équipe de France. Coup sur coup, il marque les deux buts qui envoient les Bleus en finale de la Coupe du Monde (les deux seuls qu’il ait inscrit avec la sélection tricolore jusqu’à maintenant). Juste après le second but, Lilian se met à genou sur la pelouse, l’index au niveau de la bouche dans la position du “pen- seur”. Une image qui fera le tour du monde, offrant au Guadeloupéen une aura internationale.
Après avoir fêté sa centième sélection contre l’Angleterre, dimanche dernier, le défenseur de la Juve retrouve donc les Croates sur sa route, aujourd’hui, à Leiria. L’occasion de revenir sur des images fortes…
Cela vous agace-t-il que l’on revienne constamment sur le “doublé” de la Croatie en 1998 ?
Lilian Thuram : «Bien sûr que non ! Pourquoi le voulez-vous ? C’est un match important qui a contribué à la victoire au Mondial 98. Je trouve normal que les médias rappellent les faits et fassent un parallèle avec la ren- contre de demain (aujourd’hui). Six ans après, je suis toujours là et, personnellement, c’est quelque chose qui restera à jamais gravé dans ma mémoire.»
Vous sentez-vous prêt à rééditer pareil exploit ?
L.T. : Bien sûr (rires) ! Très sincèrement, je ne suis pas un attaquant et ne le serai jamais. Je n’ai jamais marqué d’autres buts avec l’équipe de France depuis. Même en club, je crois que j’ai réussi à en “planter” un depuis, avec la Juve. Sinon, il m’arrive d’en mettre un ou deux à l’entraînement.»
“Ils vont nous attendre pour placer des contres”
Comment imaginez-vous le match face à la Croatie?
L.T. : «Notre victoire de dernière minute face à l’Angleterre change complètement les données qui semblaient devoir être les nôtres avec une défaite ou un match nul. Demain (aujourd’hui), une victoire pourrait nous permettre d’obtenir déjà la qualification pour les quarts de finale. C’est donc une rencontre capitale que les Croates se doivent également de remporter. Mais soyons réalistes, je crois que nous n’allons pas être confrontés à une équipe très offensive. Il vont nous attendre pour placer des contres et tenter de détruire notre jeu.»
Comment vous sentez-vous
dans cette défense tricolore
“new-look” ?
L.T. : «Je crois que quels que
soient les joueurs en place, nous
avons un gros potentiel.
Personnellement, je me suis senti
à l’aise face à l’Angleterre en
défense centrale, et même si je
rate l’anticipation sur le penalty
sifflé contre nous, nous ne nous
en sommes pas mal sortis dans
l’ensemble. On n’a pas vraiment
été mis en danger.»
Vous avez-fêté votre centième sélection face à l’Angleterre. Quel effet cela fait-il ?
L.T. : «Vu la tournure des événements, au moins je m’en souviendrai longtemps. C’est extra de fêter une centième là-dessus. Maintenant, lorsque vous comptez 100 sélections, c’est que vous n’avez plus 20 ans et que votre carrière est plus derrière que devant vous. J’ai beaucoup travaillé pour garder ce niveau, il n’y a pas d’habitude et, lorsque je rentre sur le terrain, les frissons sont toujours là. Je crois que j’ai intérêt à en profiter…»
Reportage au Portugal : Laurent Génin