“Titi” est serein
Buteur émérite du Championnat d’Angleterre, Thierry Henry est toujours à la recherche de son premier but dans cet Euro 2004. Une carence qui ne l’inquiète pas vraiment, vu le peu d’espace laissé, en général, aux attaquants dans ce début de compétition.
Nul doute que Thierry Henry aurait préféré aller au bout de son action, dans les arrêts de jeu face à l’Angleterre, avant que David James, le portier britannique, ne le “balance” dans la surface de réparation, provoquant le penalty victorieux des Français, dimanche dernier. «Normal, j’aime marquer ! Mais je peux vous assurer que si la France remporte l’Euro sans que je ne trouve le chemin des filets, je serai le plus heureux des hommes !»
Après deux rencontres, le “Gunner” d’Arsenal ne fait pas véritablement une fixation sur sa réussite personnelle. «Satisfait» de la position de la France dans ce Groupe B (1ère avec 4 points), il n’oublie pas l’objectif principal que se sont fixés les Tricolores. «On veut gagner cet Euro. Alors certes, il va falloir développer un meilleur jeu pour y parvenir, mais franchement, depuis le début de l’épreuve, je vous défie de trouver un match “ouvert”, où les attaquants aient pu prendre vraiment du plaisir. Si l’on excepte l’Angleterre contre la Suisse qui a évolué à dix, où la Suède face à une Bulgarie très dis- traite dans son organisation défensive, toutes les équipes pratiquent la défense à outrance.» Une constatation évidente qui, cependant, ne suffira pas à excuser une élimination prématurée des Français si ceux-ci, dans le jeu, continuent à se montrer aussi peu efficaces. Sur le plan individuel, les Bleus possèdent les armes offensives pour faire plier n’importe quelle défense. Encore faut-il savoir les utiliser ! Thierry Henry a bien quelques idées sur le sujet.
«Il faut jouer plus vite et plus directement. Si l’on continue à poursuivre notre “train-train” habituel avec une multiplication de passes à outrance, on ne par- viendra pas à prendre de vitesse un adversaire qui a le temps de se replacer. Ce n’est pas uniquement une question de relation entre le milieu de terrain et l’attaque. Ces longs ballons peuvent également venir parfois de la défense.»
Donner du crédit aux attaquants
Un jeu un peu plus “à l’anglaise” qui semble si bien réussir à l’at- taquant tricolore outre-Manche. Donner de la vitesse ne signifie pas renier le jeu de l’équipe de France et ses individualités. Thierry Henry n’est pas à Arsenal et il le sait.
«Il ne s’agit pas de comparer le jeu d’Arsenal avec celui de l’équipe de France qui n’a rien à voir. A Arsenal, on joue sans meneur de jeu, alors qu’avec les Bleus, on ne va tout de même pas ignorer le talent d’un Zizou. La comparai- son entre les deux équipes n’est pas du tout le propos.»
Avec David Trezeguet, “Titi” forme un duo que de nombreuses sélections envient à la France et le travail de l’attaquant ne consiste pas seulement à marquer des buts. «Il faut donner du crédit à l’attaquant. Le travail effectué par David (Trezeguet) et moi-même est, je pense, assez important. On se bat constamment au sein de défenses regroupées pour tenter de trouver des brèches ou de créer des espaces. L’attaquant est trop souvent jugé aux buts qu’il marque, mais Raul ou Pauleta n’ont toujours pas trouvé le chemin des filets dans cet Euro et dieu sait qu’ils sont pourtant importants dans le système de jeu de leur équipe respective.»
A la veille du match contre la Suisse, Thierry Henry se veut donc rassurant. Certes, les Bleus ont encore beaucoup à prouver dans cette compétition, mais leur position n’est pas alarmante. «Il ne faut pas oublier que lors de l’Euro 2000, on est passé à chaque match grâce à des “miracles”. Cette fois encore, on a déjà eu beaucoup de chance, mais on est toujours là !»
Ce qu’il y a de sûr, c’est que le “Gunner” ne baissera pas les bras. «Lors du Mondial 2002, nous avions été critiqués sur notre manque de combativité, après ces deux premiers matches, vous ne pouvez pas nous reprocher cela aujourd’hui !»
Sans le moindre but à son crédit avec les Bleus depuis le 15 novembre dernier, et le match amical contre l’Allemagne (3-0), nul doute que Thierry Henry aimerait poursuivre l’aventure portugaise en alimentant son compteur personnel. La Suisse est prévenue, la France sera exacte au rendez-vous et “Titi” est prêt à prendre son envol au classement des buteurs.
Reportage au Portugal : Laurent Génin