Jacques Santini rompt le dialogue
Le point de presse, mardi, à Santo Tirso, était l’occasion de faire le point avec Jacques Santini, le sélectionneur des Bleus, et de faire un premier bilan. Peine perdue, le patron de l’équipe de France ayant décidé de rompre le dialogue. Tentatives d’explications…
Comme chaque lendemain de match, c’est à Santo Tirso, lieu de retraite des Bleus, que le point presse a lieu. A 16 heures, Jacques Santini se rend calmement à la salle de presse qui lui est réservée. Souriant devant les photographes, le sélectionneur des Bleus semble être dans de bonnes dispositions. Son bilan du premier tour, certes rapide («Nous l’avons vécu d’une maniè- re assez sereine. Après la victoire contre les Anglais, on avait notre destin entre nos mains.»), laisse à penser que le dialogue va pouvoir avoir lieu afin d’en savoir un peu plus sur les approximations constatées lors des trois matches des Bleus.
Et là, l’assemblée va tomber de haut. Le sélectionneur de l’équipe de France, toujours très calme, déclare : «nous avons des retours d’informations de France selon lesquelles la presse critique l’équipe de France. Cela confirme ce que je pensais, entre votre ana- lyse et celle qui est faite en inter- ne entre les joueurs et l’entraîneur, il y a un décalage. Nous ne sommes pas sur la même lon- gueur d’ondes, par conséquent il est inutile d’en dire plus.»
«J’assume mes choix»
Fâché le sélectionneur des Bleus ? «Si je suis là, c’est que je vous respecte. J’accepte les cri- tiques mais j’assume mes choix et quand il sera temps de faire un bilan, je le ferai.»
En multipliant les tentatives, Jacques Santini fait quelques constats : «avant le début de la compétition, j’avais dit que le groupe serait serré. Il ne fallait pas se focaliser sur le match contre les Anglais. Il y a eu, à certaines périodes des trois matches, des choses qui n’ont pas été, comme les dix minutes face à la Croatie.
On termine 1er en étant invaincu et avec 7 points, à partir de là, si vous pensez que l’on doit gagner 5-0 à chaque fois, je ne suis pas d’accord. Pour finir invaincu de ce groupe, il fallait être costaud.» Soit, mais force est de constater que l’équipe de France ne joue pas bien. Elle encaisse des buts, elle perd beaucoup de ballons, elle a du mal offensivement. «C’est votre analyse» répond Jacques Santini. C’est plutôt un constat.
Et le milieu de terrain ?
Lorsqu’après 1 078 minutes d’invincibilité vous encaissez quatre buts, il y a un problème et le sélectionneur français de répondre : «c’est vrai qu’il y a sujet à réflexion mais pas avec vous, les médias, avec mes joueurs ! Vous dites que les défenseurs ne sont pas assez rapides, c’est faux et les entraînements le montrent. Et puis, tous les défenseurs, dans cet Euro, ont souffert.» En résumé, le secteur défensif c’est : secret défense !
Comme nous n’en saurons pas plus, tentons d’aborder le sujet concernant le milieu de terrain et les différents choix tactiques. «Il y a beaucoup de bruits pour pas grand chose» déclare Jacques Santini. «Il n’y a pas eu de changement mais des adaptations. Des choix sont faits entre moi et les joueurs en fonction des uns et des autres. Robert (Pirès) sur la gauche, c’est une bonne chose pour son entente avec Thierry (Henry), son partenaire à Arsenal, mais on se prive d’une bonne relation entre “Zizou” et “Liza”. Il faut s’adapter et profiter de ce que chaque joueur ressent.» Autre constat, les Bleus marquent plus sur des coups de pied arrêtés que sur des phases de jeu bien construites. Cela fait bien rire Jacques Santini. «Quand je suis arrivé, c’était le secteur faible des Bleus et là, c’est notre point fort et vous critiquez encore ! Il y a des sujets que je ne veux pas aborder avec vous.» Comme celui du duo Henry- Trezeguet et leur complémentarité qui ne saute pas aux yeux ? «Ils ont eu des occasions, c’est bien la preuve qu’ils peuvent jouer ensemble.» Un peu facile comme analyse mais le sélectionneur des Bleus ne souhaite pas s’étendre sur le sujet. Tout juste déclare-t-il : «pour être encore plus efficace, il faut améliorer certaines choses, je ne dis pas le contraire, mais ne comptez pas sur moi pour montrer du doigt tel ou tel joueur.»
Et la suite ?
Peu locace sur le premier tour, peut-être que Jacques Santini sera un peu plus bavard sur la suite de la compétition. Pas vrai- ment. «Un bilan médical est à faire. Il faudra gérer l’aspect physique mais aussi psychologique. Il y a désormais des matches couperets, dont celui face à la Grèce qui, quoi que certains en disent où en pensent, sera difficile. Suivant la forme du moment, il y aura des changements à faire avant la rencontre et peut-être également pendant la rencontre. Vous n’en saurez pas plus car le sélectionneur grec est rusé et il va se dépêcher d’aller sur les différents sites pour avoir des informations !»
Une autre manière de botter en touche… Décidément le dialogue entre Jacques Santini et les médias n’est guère possible. Le Sélectionneur n’espère qu’une chose, que ses joueurs montrent que les médias ce sont trompés sur toute la ligne. “Zizou” et ses partenaires ont la parole, à eux de s’exprimer… balle au pied !
Reportage au Portugal : Yves Tainturier