Bénis des Dieux
Les Grecs ont à nouveau réaliser un authentique exploit en venant à bout d’une République tchèque (1-0) donnée favorite, après son magnifique début de compétition. En s’imposant sur un but en argent de Dellas, les joueurs d’Otto Rehhagel ont gagné le droit d’aller défier le Portugal en finale.
D’autres s’y sont cassés les dents ! Et pourtant comment imaginer que la République tchèque, jusqu’alors invaincue et sortie du “Groupe de la Mort” en tête, en se débarrassant des Pays-Bas et de l’Allemagne notamment, puisse rater la finale de l’Euro face à la si modeste équipe grecque ? Une question que se pose cependant encore le Portugal, l’Espagne ou la France. Autant de “places fortes” du football européen qui sont tombées aux mains de lutteurs grecs sans complexe, et d’ores et déjà assurés d’être accueillis, à leur retour au pays, comme des demi-dieux.
Face à la solidité hellène, les Tchèques devaient donc s’attendre à une partie aussi serrée que face aux Lettons, lors de leur premier rendez-vous de la compétition. Le seul adversaire qui n’ait finalement jamais fait douter les Slaves lors de cet Euro, en ouvrant le score et en tenant le match nul jusque dans les dernières minutes du match, et le but libérateur de Heinz à la 85’.
Des problèmes, les Tchèques vont donc en rencontrer, face à des Grecs accrocheurs et décidés à vendre chèrement leur peau. Sûrement que les hommes de Brückner auraient apprécié d’ouvrir le score rapidement, mais la reprise de Rosicky qui trouve la transversale (3’) semble devoir annoncer que la tâche sera plus ardue que pré- vue.
En faisant jeu égal avec les favoris, les outsiders hellènes résistent. Jankulovski a beau multiplier les tentatives, le gardien du temple grec, Nikopolidis, les annihile toutes brillamment (6’, 33’ et 44’). Du coup, le por- tier slave, Cech, est même obligé de se coucher sur un “centre-tir” de Fyssas (29’). A la pause, le score est toujours vierge, et la sortie du capitaine tchèque, Nedved (40’), touché au coup de pied droit, n’arrange pas les affaires des hommes de l’Est, toujours bloqués au pied du Mont Olympe.
Dellas et son univers impitoyable
Pour les Tchèques, qui aiment tant miser sur la vitesse et les espaces, le solide bloc grec qui, sur la défensive, ne plie pas, est un sérieux obstacle. Les Slaves ont beau multiplier les combinaisons, le jeu en mouvement est rapidement mis à mal par des joueurs hellènes qui y croient à mesure que le temps passe. Mais l’épreuve du sablier est toujours plus terrible pour celui qui subit. Après l’intégralité d’une seconde période dominée par les Slaves, leurs adversaires plient mais ne rompent pas.
Certes, techniquement, les hommes de Brückner ont sou- vent un coup d’avance, à l’image du double “une-deux” entre Rosicky et Koller, qui aboutit à un tir hors cadre de ce dernier (80’) et le slalom de Baros aussi mal conclu (83’). Mais pour les Grecs, le pari est simple. : éloigner le ballon de la surface pour nourrir l’attaque à deux têtes “Vryzas-Charisteas” et réussir l’imprévisible.
En obtenant, dans un premier temps, quinze minutes de temps supplémentaire, les troupe d’Otto Rehhagel tiennent déjà leur exploit en tenant tête à une Tchéquie qui, précédemment, avait fait plier tous ses adversaires en 90 minutes.
Les chasseurs de tête grecs restent donc en course et lorsque celle de Giannakopoulos (94’) affole Cech et sa défense, tout reste possible. Les supporters grecs en seront convaincus quand Dellas (103’), sur une pre- mière tentative, fait à nouveau trembler les Slaves pour les entraîner dans son univers impitoyable, sur un nouveau coup de tête (105’).
Les Grecs s’imposent sur un but en argent. Nul doute qu’ils viseront un tout autre métal, dimanche face au Portugal. L’occasion pour le pays hôte de prendre sa revanche lors d’un final qui fut, il y a trois semaines, l’ouverture de la compétition.
Reportage au Portugal : Yves Tainturier