France : les interrogations ne manquent pas
Alors que les Bleus viennent de décrocher, dans la douleur, leur billet pour les 8èmes de finale de la Coupe du Monde, les interrogations sur cette équipe de France ne manquent pas à quelques jours de disputer un nouveau match couperet face à l’Espagne.
Une victoire convaincante ? Pas vraiment. Certes, les Bleus ont gagné, n’ont pas encaissé de but mais il convient de relativiser ce succès face au Togo. En effet, exception faite d’Emmanuel Adebayor qui évolue à Arsenal, les Togolais ont des CV qui n’ont rien à voir avec ceux des Tricolores. La plupart jouent dans des équipes “mineures”, le défenseur Richmond Forson évolue en DH et certains “Eperviers” n’ont même pas de club. Il n’y a doute pas lieu de s’enflammer de cette victoire acquise dans la douleur et en seconde période.
Le physique a-t-il fait la différence ? Sans doute. Comment pourrait-il en être autrement alors que les Bleus ont fait un stage d’oxygénation à Tignes, pendant que les Togolais étaient en proies à des problèmes financiers. A cela, il faut ajouter le fait que, comme nous l’avons dit plus haut, certains ont peu ou pas joué cette saison et ont eu du mal à tenir la distance face à des joueurs dont le foot est leur métier… Emmanuel Adebayor, l’attaquant vedette du Togo n’a d’ailleurs pas hésité à déclarer après la rencontre : «nous avons appris ce qu’était le haut niveau.»
Une attaque à “deux têtes” ? Depuis deux ans, Raymond Domenech a tout essayé et ce dans tous les secteurs de jeu. Mais celui qui pose le plus de souci au mentor des Bleus, c’est bien le secteur offensif. Les Tricolores doivent-ils jouer avec un ou deux attaquants ? Avec le seul Thierry Henry en pointe, les Français n’ont pas réussi à battre la Suisse et la Corée et n’ont inscrit qu’un petit but. Face au Togo, Thierry Henry et David Trezeguet ont été associés pour la 39ème fois au sein de l’attaque des Bleus. Résultat ? De nombreuses occasions mais que deux buts marqués dont un d’un milieu de terrain, en l’occurrence Patrick Vieira. Pas terrible. Il n’est pas certain que les prestations des deux compères de l’attaque, en particulier David Trezeguet, aient un peu plus éclairé la lanterne de Raymond Domenech.
Avec ou sans “Zizou” ? «Les Bleus jouent mieux sans Zinédine Zidane, zut, il revient pour les 8èmes de finale !», tel est le contenu d’un article paru dans un journal à gros tirages allemands au lendemain de la victoire des Bleus. La question mérite d’être posée. Les Français doivent- ils jouer avec leur emblématique N°10 ou sans ? Au regard du match face au Togo, il est évident que, sans “Zizou”, les Bleus ont joué plus vite, ils ont été plus “explosifs”, ils ont rapidement amené le danger sur le but d’Agassa. Maintenant, l’Espagne, le prochain adversaire des Bleus, n’est pas le Togo. L’expérience du futur retraité, son coup d’œil, son coup de “patte” et son aura seront utiles, même si Raymond Domenech devra mettre en place une nouvelle disposition. Si c’est pour le bien de l’équipe…
Une défense intraitable ? Avec un but encaissé en trois matches, il est évident que la défense des Bleus est solide. Certes, elle a été mise en difficulté sur les coups de pieds arrêtés, certes elle est perfectible dans le domaine aérien mais la formule Sagnol-Thuram-Gallas-Abidal, offre des garanties. Elle passera un nouveau test sérieux face aux Espagnols.
Les Bleus ont-ils vaincu leurs vieux démons ? Oui ! L’élimination en 2002 sans avoir gagné et inscrit le moindre but, était dans toutes les têtes et pas seulement des “anciens”. Vendredi, les Bleus, comme l’a signalé Raymond Domenech, ont remporté une victoire en compétition officielle qui les fuyait depuis… 1998 ! Cela a, en effet, de quoi traumatiser. Reste maintenant à savoir si le fait d’avoir conjuré le mauvais sort peut-être synonyme de déclic pour les Bleus. Réponse mardi soir !
Les Bleus ont-ils trouvé un public ? Face à la Suisse et la Corée du Sud, les Bleus ont perdu la bataille des supporters. Vendredi, face au Togo, les supporters français se sont déplacés en masse et les Togolais ont eu du mal à soutenir la comparaison (le voyage est également plus long). Enfin, depuis le début du Mondial, les Bleus ont eu le soutien de leur douzième homme même dans les moments difficiles. Des encouragements qui sont allés droit au cœur des joueurs, ces derniers, pour la première fois depuis longtemps, n’hésitant pas à les saluer avant et après le match. Face à l’Espagne et leurs supporters nombreux et bruyants, les Français vont passer un test sérieux. Espérons que ceux qui avaient pris des billets pour le match à Cologne ,dans l’espoir que les Bleus terminent 1ers, réussiront à échanger leurs billets…
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier