Une fusée nommée Sharon Van Rouwendaal
L’an dernier, le Meeting de Saint-Dizier avait révélé au public bragard une jeune prodige hollandaise, Sharon Van Rouwendaal, arrivée
six mois plus tôt à Braud-Saint-Louis. Depuis, elle est devenue championne d’Europe juniors… et a encore fait vaciller une ribambelle de records du meeting, ce week-end.
La nouvelle jeune fusée française s’appelle Sharon Van Rouwendaal. Enfin, nouvelle, pas tant que ça. L’an dernier déjà, la pensionnaire de Braud-Saint- Louis avait déjà affolé les chronos, torpillé les records jeunes, partout où elle était passée. Sur sa lancée, elle a réduit de nouveau ses propres temps du Meeting de Saint-Dizier, ce week-end, avec une déconcertante facilité. Les chronos des catégories d’âge, souvent (15, 16 et 17 ans notamment), mais pas seulement.
Car cerise sur le gâteau, elle s’est également emparée de l’ancien record toutes catégories du meeting sur le 800 m nage libre, effacé finalement, dans la même course, par la vainqueur, l’incontournable Camelia Potec. «Elle est tout de même en-dessous elle aussi du chrono de l’épreuve. Elle a effacé Yana Klochkova, quadruple Championne Olympi- que, des tablettes», explique Daniel Pannier, l’un des entraîneurs de Braud Saint-Louis, qui officie chaque année comme Juge au meeting bragard. Hier, Sharon Van Rouwendaal a également tenu longtemps tête à Laure Manaudou, sur le 200 m nage libre, avant de flancher, logiquement et après sept courses sur le week-end, dans le troisième virage.
“ La guêpe ”
Arrivée en France à l’âge de sept ans, en provenance des Pays- Bas, la jeune Sharon pataugea quelques années dans le club tranquille de Périgueux. Le temps pour elle d’enchaîner les titre départementaux et régionaux. Et puis il y eut Braud Saint-Louis. «J’étais en stage en Aquitaine et l’entraîneur avec qui j’étais m’a proposée de venir. Il a contacté mes parents et je suis partie à Braud.»
Un an et demi plus tard, Sharon Van Rouwendaal s’est transformée. « Sur 800 m, par exemple, je faisais 9’26. Je suis passée à 8’27. Une minute de moins ! Il me reste encore du travail, une marge de progression, notamment dans la puissance et la négociation des virages », explique la jeune Hollandaise, dans un français qu’elle maîtrise de mieux en mieux. Avec 18 km par jour de natation dans les jambes et les bras, plus la musculation légère et deux séances de footing hebdomadaire que cette ancienne athlète a repris depuis quelques semaines, Sharon Van Rouwendaal a logiquement été déscolarisée. Elle n’a pas pour autant tout mis de côté. Inscrite dans un Centre d’Enseignement à distance, elle s’efforce de conserver quelques accroches avec la réalité de l’adolescence : des cours d’histoire-géo, de français, d’anglais et de mathématiques.
« La femme de l’un de mes entraîneurs est une ancienne prof. Elle m’aide, me corrige», confie la jeune prodige. A 15 ans, elle a déjà écrit quelques prometteuses lignes à son palmarès : championne d’Europe juniors sur 1 500 m, vice-championne d’Europe sur 200, 400 et 800 m nage libre. «Elle est en pleine construction», tempère pourtant Daniel Pannier. «On ne veut pas brûler les étapes, ni technique- ment, ni morphologiquement. Il reste encore beaucoup de travail et nous voulons prendre notre temps».
La comparaison avec le parcours de Laure Manaudou coule de source. Mais à Braud-Saint-Louis, on la refuse. Par pudeur. Par prudence aussi. On a déjà vu des nageurs de talent couler à pic. “Duracell” ou “La Guêpe”, comme la surnomment affectueusement ses entraîneurs, en référence à son tempérament de feu et son infatigable envie de bouger, de nager, rêve des Mondiaux, l’an prochain. Une qualification à la portée de cette battante, observatrice et réceptive aux consignes. Pour l’instant, elle court toujours sous les couleurs de son pays natal. Pour l’instant…
Delphine Catalifaud