Roland-Garros 2011 : Gasquet se sent pousser des ailes
Richard Gasquet a mis fin à la malédiction, en se qualifiant, hier, pour les huitièmes de finale, tout comme Marion Bartoli et Gaël Monfils. Jo-Wilfrield Tsonga, qui fut à deux points de la victoire, s’est incliné face au Suisse Wawrinka.
A l’exception de Jo-Wilfrield Tsonga, battu par le Suisse Stanislas Wawrinka, les Français ont connu une journée faste, hier, avec les victoires de Richard Gasquet, Gaël Monfils et Marion Bartoli. L’affiche s’annonçait prometteuse et elle le fut. Richard Gasquet, qui courait depuis quelques années vers une qualification pour les 8e de finale, a vu hier, ses efforts récompensés.
Victorieux du redoutable et talentueux brésilien Thomaz Bellucci en quatre sets, le Biterrois a dû puiser dans ses réserves dans le 4e set pour rester à flot après avoir été breaké au début de la manche. Là où il péchait les années précédentes, Richard Gasquet n’a pas laissé son adversaire revenir dans la partie, porté par un public tout acquis à sa cause. Un match dur physiquement pour le “petit Mozart” du tennis français qui a démontré hier une force mentale pour ne pas sombrer après le break du Brésilien au début du 4e set.
Peu démonstratif d’habitude sur le court, Richard Gasquet s’est beaucoup libéré, comme sur la balle de match où il est tombé à la renverse sur le court. A croire qu’il venait de remporter les Internationaux de France. Décrié à juste raison pour son manque de mental, Richard Gasquet a prouvé, hier, qu’il était en train de se forger un moral de vainqueur. «Il y avait une ambiance incroyable. Je ne voulais surtout pas que le match m’échappe. J’étais un peu tendu pour finir le match. C’est une grande victoire. Je suis ravi d’arriver en 2e semaine.»
Sa récente demi-finale à Rome n’était donc usurpée. Reste maintenant à savoir si le Français aura récupéré de tous ses efforts, demain, pour un autre combat de titan face à Djokovic ou Del Potro, dont la rencontre a été interrompue à cause de la nuit. Dans ce choc au sommet, les deux hommes se sont arrêtés à un set partout. Jo-Wilfrield Tsonga, qui menait deux sets à zéro, ne verra pas les huitièmes de finale. Dans un derby vaudois, Wawrinka est revenu du diable vauvert face à Tsonga. Après deux sets bien maîtrisés, le Manceau a laissé échapper la victoire dans le troisième set. Sans entraîneur, Tsonga a baissé pied physique- ment face aux coups de boutoir du Suisse. «Les deux premiers sets étaient très serrés. Dans la manche suivante, il a bien joué les points importants. Pour mon premier tournoi du Grand Chelem, le bilan est plutôt positif. Je n’ai pas fait un mauvais Roland- Garros», confiait le Manceau.
Monfils sur courant alternatif
Gaël Monfils, quant à lui, n’a pas tremblé face au Belge Steve Darcis issu des qualifications et qui ne comptait qu’une seule victoire sur le circuit principal avant le tournoi. Pas au sommet de sa forme depuis le début de l’épreuve, “La Monf’” a fait le travail, hier, pour s’imposer 6-3, 6-4, 7-5. Dans une arène chaude bouillante où flottaient quelques drapeaux belges, Gaël Monfils, sans être transcendant, a assuré l’essentiel pour les huitièmes de finale. D’ailleurs, le Français reconnaissait ne pas avoir fait un grand match. Et la troisième manche aurait bien pu lui filer sous le nez, puisque le Belge menait 4-2. Pas assez agressif, Monfils ne lâchait pas prise et refaisait son retard pour s’adjuger la victoire 7-5. Une prestation loin d’être convaincante, mais qui suffisait pour obtenir le billet pour les huitièmes de finale où l’attend l’Espagnol Ferrer. Victorieux du Russe Sergiy Stakhovsky, Ferrer s’annonce comme un redoutable client pour Gaël Monfils. En trois rencontres, l’Espagnol n’a pas perdu le moindre set. Il faut croiser les doigts pour que Gaël retrouve toutes ses sensations.
Bartoli fait durer le plaisir
Seule rescapée tricolore dans le tableau féminin, l’Auvergnate Marion Bartoli a validé son billet, hier, pour les huitièmes de finale, en s’imposant péniblement face à l’Allemande Julia Goerges pourtant très à l’aise sur terre battue. Comme depuis le début du tournoi, Marion Bartoli a dû faire preuve de cou- rage et d’abnégation pour re- tourner une situation défavorable. Menée logiquement une manche à rien par Julia Goerges, la numéro 1 française a remis les pendules à l’heure dans les deux manches suivantes. Si elle savait la tâche compliquée, la demoiselle du Puy-en-Velay n’a pas baissé les bras et a donc tenu son rang. Du caractère, la marque de fabrique de Marion Bartoli. Hier, elle a fait preuve de stratégie pour contrer le jeu de l’allemande.
«J’ai totalement changé de stratégie après le premier set. Je n’ai pas eu le choix car elle jouait beaucoup trop bien. J’ai refusé de reculer et sur la fin du match, j’ai joué un bon tennis.» Une victoire qui comblait de bonheur Marion Bartoli prête à prolonger son séjour encore quelques jours.
En huitièmes de finale, elle affrontera l’Argentine Gisela Dulko, 51e mondiale, qui s’est payée le luxe, hier, de battre l’Australienne Samantha Stosur, tête de série N°8, mais surtout finaliste de la dernière édition, en un peu plus de deux heures de jeu. Elle s’impose en trois sets (6-4, 1-6, 6-3). Agée de 26 ans, Gisela Dulko a résisté à la révolte de Stosur dans le deuxième set. La qualification pour les quarts de finale n’est pas impossible pour Marion Bartoli qui, avec l’aide du public, n’a pas dit son dernier mot, à condition que le physique suive. Avec trois matches en trois sets, la Française a laissé pas mal d’énergie sur le court. «Dulko est une fille qui apprécie la terre battue. Mais j’ai une opportunité de l’emporter.»
Avec trois reçus sur quatre, les Français ont apporté un joli rayon de soleil aux spectateurs. Gilles Simon tentera, aujourd’hui, d’apporter sa pierre à l’édifice.
Reportage à Roland-Garros : Romain Randoing