Roland-Garros 2011 : Na Li s’éveille à Paris
La Chinoise Na Li a créé la sensation, hier, en remportant la finale dames en deux sets face à Francesca Schiavone, tenante du titre (6-4, 7-6). Inarrêtable, la nouvelle reine de la terre battue est entrée dans l’histoire du sport asiatique. L’Italienne, elle, est passée à côté de son match.
Sa finale à l’Open d’Australie au mois de janvier dernier n’était donc pas usurpée. Hier après-midi, sur le court Philippe-Chatrier, la Chinoise Na Li a obtenu la plus grande consécration de sa carrière en remportant les Internationaux de France face à l’Italienne Francesca Schiavone. Deux sets (6-4, 7-6) auront suffi à la joueuse asiatique pour inscrire son nom au prestigieux palmarès. La Milanaise, qui avait embrassé la terre battue parisienne après sa victoire contre l’Australienne Stosur, l’an passé, n’a pas réalisé la passe de deux, emportée par la fougue de Na Li. Fair play, elle a reconnu le mérite de son adversaire au terme de la rencontre. «Je trouve qu’elle a joué des balles très longues et elle est rentrée dans le court. Na Li a mérité cette victoire car elle s’est bien battue. Moi j’étais trop sur la défensive.»
La native de Wuhan, qui a commencé le tennis à l’âge de neuf ans avant d’avoir pratiqué le badminton, a réussi un sacré tour de force durant cette quinzaine. Si sa demi-finale face à la Russe Maria Sharapova a été suivie par plus de 60 millions de téléspectateurs, et nul doute elle aussi un énorme retentissement. Dans un pays où le sport roi reste le tennis de table, la petite balle jaune a fait une intrusion remarquée.
Une première manche bien poussive
Longtemps allergique à la terre battue, Na Li a réalisé d’énormes progrès sur cette surface. Il fallait bien ça pour détrôner la reine Schiavone. Placée sous le signe de l’expérience, cette finale, entre deux joueuses trentenaires arrivées à maturité de leur tennis et classées dans le top 10, n’a pas été d’un grand niveau notamment dans la première manche bouclée en à peine quarante minutes. Francesca Schiavone a eu bien du mal à entrer dans la partie. La Milanaise, au jeu complet sur terre battue, a subi la puissance de la Chinoise. En difficulté sur sa mise en jeu, la Transalpine se faisait breaker à 3-2 et ne parvenait pas à faire son retard. La Chinoise faisait la course en tête et empochait la mise 6-4, grâce à ses nombreux coups gagnants (quinze contre trois seulement pour Schiavone).
La première manche avait de quoi laisser sur leur faim les spectateurs, qui ont vu plus de fautes que de points gagnants. Le jour et la nuit avec les demi- finales masculines. Jusqu’à ce que Schiavone, à côté de ses baskets dans le premier set, sonne enfin la révolte.
Un second set de meilleure facture
Breakée d’entrée, elle ne laissait pas Na Li s’échapper au tableau d’affichage et contrait le service de la Chinoise (3-2). La finale prenait une autre dimension, même si les variations de l’Italienne ne gênaient guère la Chinoise, laquelle faisait parler sa puissance, notamment en retour de service. La Milanaise, combative mais toujours maladroite, devait s’employer pour rester au contact.
Le tournant du match arrivait à 6-5 lorsque, sur une balle de break en faveur de Schiavone, l’arbitre indiquait la balle faute. Une décision litigieuse qui dé- concentrait l’Italienne dans le jeu décisif. Proche du Graal,
Na Li inscrivait six points consécutifs et n’avait besoin que d’une seule balle de match pour réaliser son rêve. Avec cette victoire, amplement méritée, la Chinoise s’est ouvert les portes du top 5 avant de lorgner, pourquoi pas, sur la première place mondiale très bientôt.
Reportage à Roland-Garros : Romain Randoing