Le jour de gloire de Razzano
C’est incontestablement LA sensation du jour. Hier soir, après plus de trois heures de lutte intense, la Française Virginie Razzano, à la huitième balle de match, a terrassé l’Américaine Serena Williams, N°5 mondiale. Enorme !
Il est exactement 21 heures. La Française Virginie Razzano, 111 mondiale sert sa huitième balle de match. L’Américaine Serena Williams, N°5 mondiale, qui reste sur dix- sept victoires et aucune défaite cette saison sur terre battue, avec des titres à Charleston et Madrid, fait un retour qui sort des limites du court. L’arbitre centrale, qui s’est déjà signalée plusieurs fois, descend de sa chaise et confirme. Virginie Razzano, après plus de trois heures de combat, peut hurler et sauter de joie. Elle a gagné ! «C’est incontestablement la plus belle victoire de ma carrière», déclare les yeux humides et fatiguée la Française. Virginie, nièce du Dijonnais Bernard Razzano, champion d’Europe de boxe dans les années 90, a envoyé Serena Williams dans les cordes. Menée un set à rien et 5-1 dans le jeu décisif du second, la Française est parvenue à renverser une situation pourtant fortement compromise. «Je ne lâche jamais rien, c’est ma force», explique Virginie Razzano, qui a dû puiser dans ses réserves mentales et physiques pour effacer plu- sieurs balles de break à 5-3 au dernier set. Et que dire des sept balles de match manquées ? La peur de conclure ou la classe de l’Américaine ? Sans doute les deux. La huitième sera finale- ment la bonne. Virginie Razzano peut remercier le public qui, malgré l’heure tardive, est res- té sur le central pour l’encourager. Voilà une journée qui se termine bien !
Les Français comme en 1971
Elle avait bien commencé. Dans le sillage de Richard Gasquet, les Français ont en effet brillé, hier. Sur les cinq en lice, quatre ont gagné, dont le reve- nant Julien Benneteau. Seul le Bourguignon Guillaume Rufin est passé à la trappe.
Avec treize Français au second tour, c’est le meilleur résultat depuis 41 ans, soit 1971 !
Hier, Richard Gasquet a montré la voie. Mais attention, même si le Basque s’est imposé en trois sets (6-3, 6-4, 7-6), cela n’a pas été une simple promenade de santé et le score ne reflète pas du tout la rencontre. Le Français a même reconnu qu’il avait «été bousculé pendant tout le match.» Notamment au troisième set. Il doit sauver deux balles de 4-2 et se retrouve mené 6-5 avec service à suivre. Il ne tremble pas, encore moins lors du jeu décisif qu’il gagne 7-4. «Je n’étais pas loin de perdre les deux sets à chaque fois», reconnaît le Français qui, hier, a été particulièrement performant en fond de court, que ce soit en revers ou en coup droit. Il faudra encore l’être au prochain tour face au Russe Dimitrov…
Pendant ce temps, sur le court N°3, Jérémy Chardy jouait les prolongations. Alors que le Français se dirigeait vers une facile victoire en trois petits sets, il a dû batailler cinq manches et 4 h 10′, pour venir à bout du Taiwanais Yen-Hsun Lu (60e). «C’est la première fois que je mène deux sets à rien avec une balle de match», explique Jérémy Chardy qui a joué le match le plus long de sa carrière. Les raisons ? «Au moment de conclure, je suis tendu, ana- lyse le Français. Non seulement je rate la balle de match, mais je me fais breaker et je perds le set. Je perds confiance et dans le cinquième set, je me fais breaker alors que je jouais plutôt bien. Je n’ai pas paniqué et j’étais bien physiquement.» Cela s’est vu car il a fallu aller jusqu’à 11-9 et six balles de match, pour avoir le droit de jouer le second tour. «C’est une victoire importante, relate tout sourire le protégé de Patrick Mouratoglou. Je rejoue bien et je me fais plaisir sur le court.» Pourvu que ça dure !
Benneteau au mental
Si la performance de Jérémy Chardy est belle, celle de Julien Benneteau l’est aussi. Après cinq semaines de blessures (cheville et coude), le Français, dont l’en- traîneur pensait qu’il n’avait qu’une chance sur cinq de ga- gner, a su la saisir. Mais cela a été difficile, comme il l’ex- plique. «Généralement, après une blessure, on fait des tournois de petites catégories et là, je reprends à Roland. Je m’attendais à ce que ce soit dur et ça l’a été.» Face à l’Allemand Mischa Zverev, Julien Benneteau a dû gérer ses baisses de régime, ses crampes. Tout cela grâce «à l’expérience, au métier, au mental aussi, notamment quand je me fais égaliser à un set partout alors que j’ai deux balles de deux sets à zéro.» Et ce dernier d’ajouter : «le début du troisième set a été un moment charnière. J’ai des balles de break, je ne les fais pas, il y a un jeu où c’est moi qui en sauve et après, j’arrive à me détacher.» Et à faire mentir son entraîneur !
Les Français ne réussiront malheureusement pas un joli cinq sur cinq. En effet, Guillaume Rufin n’est lui, pas parvenu à déjouer les pronostics, face au N°13, l’Argentin Juan Monaco. Dommage !
Aujourd’hui, dix Français sont en lice, avec comme chef de file Jo-Wilfried Tsonga chez les hommes et Marion Bartoli chez les dames. Joli programme, qui plus est le jour des enfants. Ambiance garantie !
Yves Tainturier