Appelez-la Kristi Na !
La Française Kristina Mladenovic a créé la sensation, hier, en éliminant au premier tour la N°2 mondiale, Li Na, vainqueur de Roland-Garros en 2011. Après l’élimination de Stan Wawrinka la veille, le tournoi parisien a perdu ses deux vainqueurs du dernier Open d’Australie.
Les larmes, il y en aura eu sur le central et sur le court Suzanne-Lenglen. De joie, signées Kristina Mladenovic. De tristesse pour Caroline Garcia. Les deux Françaises ont vécu une journée opposée, hier, mais qui pourrait bien marquer leurs carrières respectives, pour peu qu’elles gèrent bien les lendemains.
Après des mois compliqués, Kristina Mladenovic, 103e mondial après avoir pointé dans le Top 50, arrivait à Roland-Garros sur la pointe des pieds, mais avec l’avantage de ne pas trop attirer l’attention sur son cas. L’ambitieuse joueuse franco-serbe du Team Lagardère a donc surpris tout son monde en se payant le scalp de la N°2 mondiale, Li Na, sur un court Suzanne-Lenglen qui ne donnait pourtant pas très cher de sa peau (7-5, 3-6, 6-1).
La Chinoise, vainqueur ici-même trois ans auparavant, livrait un jeu terriblement brouillon et l’embellie du deuxième set, qui lui permettait de relancer le sus- pense, était vite gâchée par un break à 3-1, puis un deuxième, qui finissait d’achever l’œuvre de la Tricolore. «Cette victoire représente beaucoup pour moi. Elle est de loin la plus belle de ma carrière. On ne bat pas Li Na tous les jours», a confié la Française, qui collabore désormais avec Yannick Hesse, le père de sa meilleure amie et joueuse de tennis Amandine Hesse, qui les suivait déjà gamines. «Je cher- chais un entourage plus simple, presque familiale. Yannick est plus qu’un coach, c’est comme un second père pour moi», a-t-elle justifié.
La der de Llodra
Une histoire de famille, c’est aussi ce que vit Caroline Garcia, entraînée par son papa Louis- Jean. Mais l’affaire n’a, hier, pas aussi bien tourné que ces derniers mois. La Française du Lagardère, dont
une partie de la famille vit en Haute-Marne, sortait de plu- sieurs tournois convaincants, d’une première victoire dans un grand tournoi à Bogota et d’une prestation réussie en Fed Cup avec l’équipe de France. Visiblement tétanisée à l’idée d’être au centre de pas mal d’attentions, du public comme des médias, elle a totalement craqué face à Ana Ivanovic, balayée en deux manches et coupable d’inhabituelles fautes directes (1-6, 3-6).
Du côté des garçons, les Tricolores ont perdu des uni- tés, notamment Albano Olivetti, qui n’a pas pesé lourd contre l’Allemand Struff (1-6, 4-6, 4-6), et Stéphane Robert, battu par le Sud-Africain Anderson (5-7, 3-6, 4-6). Ils ont aussi vu Michaël Llodra disputer son dernier match de Roland-Garros de sa carrière, malheureusement clos par une défaite contre l’Espagnol Verdasco (N°24), dans une fin de match gâchée par une blessure au dos (2-6, 6-7, 6-7).
Gasquet et Monfils passent
Les deux qualifications françaises sont venues des deux “tauliers” français du jour, Richard Gasquet et Gaël Monfils, qui n’ont pas livré leur prestation la plus aboutie face à l’Australien Tomic (7-5, 6-3, 6-1) et le Roumain Hanescu (6-2, 4-6, 6-4, 6-2), mais ont assuré l’essentiel, alors que tous deux reviennent de blessure, le premier du dos, le second de la cheville. Le tour suivant leur réserve des adversaires a priori à leur portée, en l’occurrence l’Allemand Struff, tombeur du Français Olivetti et l’Argentin Berlocq, vainqueur de Lleyton Hewitt.
Dans la soirée, le jeune Corse Laurent Lokoli (19 ans), le plus petit classement de tout le tour- noi (406e), qui n’avait jamais tapé une seule balle en Grand Chelem, a fait le show face à l’Américain Steve Johnson (64e). Mais il a fini par s’embarquer dans un aléatoire cinquième set, qui ne s’achèvera que ce matin (1-3), après avoir pour- tant mené deux sets à rien, 4-0 dans la troisième manche et avoir gâché deux balles de match. S’il venait à céder tout à l’heure, le fantasque joueur de l’Ile de Beauté pourrait s’en mordre sérieusement les doigts.
Non seulement, le prochain tour réserve un match plutôt ouvert, face à l’Américain Sock, mais surtout, s’annoncerait la perspective d’un huitième de finale inespéré contre un certain Nadal, qui bénéficie d’ailleurs d’une partie de tableau particulièrement dégagée depuis les forfaits d’Almagro (épaule) et Haas (cheville), et l’élimination de Dimitrov, hier.
De notre envoyée spéciale à Roland-Garros : Delphine Catalifaud