Riner : « mettre les bouchées doubles »
A un petit peu plus d’un an des Jeux olympiques de Tokyo,
Teddy Riner, au palmarès long comme son bras (dix titres mondiaux,
deux olympiques), qui a reçu samedi son 6e dan et un casque
de samouraï qui symbolise ses dix titres mondiaux, est revenu
sur ses objectifs et ses envies.
Teddy Riner, qui a reçu son casque de samouraï,
pour célébrer son 6e dan, va bientôt retrouver la compétition
après une coupure d’un an. (Photo : N. C.)
Qu’est-ce que cela vous fait de recevoir votre 6e dan à moins de 30 ans ?
Teddy Riner : « Déjà, j’espère revenir au tournoi de Paris l’an prochain. Je ne suis pas un grand fan des dans. Je suis heureux que mes valeurs soient reconnues, mais cela ne remplacera jamais mes titres mondiaux ou olympiques. Je suis le seul membre de l’équipe de France à l’avoir, je vais pouvoir crâner (rires). »
Quel est votre programme de reprise ?
Teddy Riner : « Cela serait a priori en mars ou en avril, en Turquie ou au Maroc (Marrakech). J’ai commencé à perdre du poids. Le but est de retrouver mon niveau. Je ne suis pas encore à 100 %. Le corps doit retrouver sesautomatismes. »
Quel souvenir gardez-vous de votre titre mondial ici en 2011 ?
T. R. : « C’était extraordinaire. Je gagne ma catégorie. Il y a eu beaucoup de titres chez les Français. J’étais dans une grande forme. C’était aussi le renouveau après mon échec en 2010. Je suis arrivé avec de nouvelles techniques, une façon plus agressive de combattre. C’est un super souvenir. J’échange beaucoup avec les autres sportifs. On espère avoir plusieurs moments où l’on se sent très fort. Mais cela n’arrive qu’une ou deux fois dans une carrière. Je n’en ai pas eu beaucoup depuis. »
Pensez-vous que cela va être compliqué de reprendre ?
T. R. : « Les points ont filé. Je me retrouve comme certains athlètes qui doivent aller chercher la qualification olympique. Pour l’instant, je ne suis pas qualifié. Cela fait bizarre. Je n’ai pas de point. C’est aussi le chemin pour aller chercher une belle médaille d’or. Je vais devoir mettre les bouchées doubles. Je serai là pour gagner. Je ne fais pas dans la demi-mesure. Il faut se préparer du mieux possible pour être en forme le jour J. »
Quel est votre point de vue sur le manque de leaders actuels chez les garçons ? Et de la leader, Clarisse Abgegnenou ?
T. R. : « C’est particulier car on est dans une reconstruction. J’ai toujours connu l’équipe de France avec des tauliers, des gens qui tenaient leur catégorie. Ce n’est plus le cas. C’est compliqué pour les médias et les fans de judo. Je préfère parler de groupe de France. Les petits jeunes sont en train de faire les gammes. On a oublié de confronter cette jeunesse à l’international. Sans opposition, c’est difficile. Ils la prennent de plein fouet. Il faut leur laisser du temps. Concernant Clarisse, c’est une figure emblématique du groupe. Elle crée une ambiance, une envie. C’est ma petite sœur. Avant qu’elle ait son pal- marès, je l’ai conseillé. Elle est vraiment à l’écoute. C’est une grande travailleuse. Depuis qu’elle a perdu aux Jeux olympiques, elle ne perd plus contre cette fille. Elle bosse dur et elle le mérite. »
Propos recueillis par Nicolas Chapon