Volley-ball : la vie continue pour le CVB 52 HM
Dix heures de bus interminables pour le retour sur Chaumont ont conclu une saison frustrante.
Dans les vestiaires, leur médaille de vice-champion de France encore autour du cou ou posée sur le banc, bon nombre des joueurs du Chaumont VB 52 Haute-Marne ont la tête plongée entre leurs mains ou dans leur maillot. Les yeux rougis, ils perçoivent les bruits de la fête qui bat son plein au bout du couloir, dans la salle cannoise où les Azuréens communient avec leurs dirigeants, bénévoles, proches et… supporters. Aux abords du terrain, les plus courageux des Haut-Marnais ravalent leur fierté pour répondre aux questions des médias, avec professionnalisme et lucidité.
La pilule est amère, et aussitôt franchie la porte du gymnase, certains s’écroulent. D’autres sont partis s’isoler, voire téléphoner : l’important est de trouver du réconfort auprès d’êtres chers qui, eux, ont été privés du spectacle.
La route va être longue, alors que le champagne prévu pour l’occasion, au cas où…, reste dans la soute de l’autobus qui doit ramener l’équipe jusque Chaumont. Dix heures de trajet, interminables, que beaucoup repoussent au maximum en restant autour du véhicule, une boisson à la main, refaisant encore et toujours le match qui vient de se terminer, sans que leur désillusion ne puisse permettre de trouver une autre issue à jamais défavorable.
Une station service déserte
Il est près de minuit trente quand le bus se met en branle. A l’intérieur, les paniers repas sont loin de trouver preneurs. Chacun est à sa place, enfoncé dans son siège. Le silence plane presque partout. Certains ont encore besoin de se remémorer toujours et encore le même scénario, sans pouvoir pour autant influer sur telle trajectoire de balle ou tel geste manqué.
Après une heure de route, les lumières des plafonniers s’étei-gnent, mais les langues se délient. Chacun a besoin de com-muniquer sa peine. Les paroles se libèrent au sein d’un groupe dont la solidarité n’aura jamais vacillé tout au long de la saison. Le brouhaha se fait un peu plus sonore. L’un ose sortir son enceinte qui laisse entendre les premières notes de musique.
La vie de ce collectif va changer. En cette fin de saison qu’ils ont prolongée le plus longtemps possible, beaucoup vont quitter la Haute-Marne très rapidement pour rentrer chez eux. Certains ne reviendront même plus du côté de Chaumont. Alors oui, l’aventure se termine, la fête est gâchée, mais l’amitié, elle, est tenace.
A deux heures du matin, l’allée principale du bus a désormais pris des airs de franche camaraderie. La défaite est mise de côté le temps d’un dernier voyage tous ensemble, comme pour consolider des liens qu’ils ne délieront plus.
A cinq heures du matin, après une pause sur une aire de station service déserte, les lumières ont disparu, la fatigue rattrape tout le monde. Il reste encore cinq heures de route, mais celles-ci cette fois passeront plus vite… Jusqu’à la saison prochaine.
Laurent Génin