Affaire Meunier-Ardinat-Bruyère – Présentation
Trois Langrois devant les Assises
Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère sont appelés à répondre de l’accusation d’assassinat devant la Cour d’assises. La violence des souffrances endurées par Cyrille Ségard planeront sur un procès susceptible de définir les responsabilités respectives des trois accusés.
Langres, vendredi 17 juillet 2009 : un retraité fait une macabre découverte. En partie brûlé, un corps gît à l’ombre d’une clairière de l’Espace Eponine, à proximité de la zone d’habitation des Quartiers neufs. Dans l’attente des premières conclusions de l’autopsie, le substitut du procureur Emily Bandel est dans l’incapacité de révéler l’identité d’un homme au visage calciné. Un signe particulier permet toutefois aux personnes de la Brigade de recherches de Langres et de la Section de recherches de Reims d’exploiter une piste. Un motif tatoué sur l’avant bras droit du défunt permet d’identifier Cyrille Segard, père de famille âgé de 39 ans récemment sorti de détention. L’identité du défunt sera officialisée le mardi 21 juillet. Les conclusions de l’autopsie sont édifiantes. Un véritable déferlement de violences s’est abattu sur la victime. Brûlé aux deuxième et troisième degrés, le corps de Cyrille Segard porte les stigmates de coups d’une rare violence. Le visage du défunt est plus particulièrement marqué : voûte crânienne ouverte sur plusieurs centimètres, fracture du rocher, mâchoire édentée et hématomes témoignent de l’acharnement des agresseurs. L’ampleur d’une embarrure pariétale pourrait, par ailleurs, tirer son origine de supplice imposés à l’aide d’un coup de poing américain ou d’un objet métallique. Des personnes proches du dossier iront jusqu’à dénoncer de véritables «actes de barbarie». Cyrille Segard aurait été violemment frappé avant d’être aspergé d’essence. Les flammes ne seraient toutefois pas à l’origine directe de la mort, le médecin légiste concluant à la survenance d’une ultime série de coups. Toujours en vie lors de l’embrasement, Cyrille Segard aurait été achevé à l’aide d’une pierre de huit kilos.
Alcoolisation massive
Menée sous la houlette du commandant Michel Frottrier, l’enquête ne tardait pas livrer de précieux éléments. Le jeudi 23 juillet, sept personnes étaient placées en garde à vue. Une des auditions laissait entrevoir un macabre scénario. Dans un contexte d’alcoolisation massive, trois suspects – connus de la justice – s’en seraient pris à Cyrille Segard au cours d’une soirée organisée à proximité du lieu de découverte du cadavre. L’origine du différend serait notamment liée à une bouteille de whisky.
Le samedi 25 juin, Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère étaient déférés devant un juge d’instruction de Dijon. Pointant plusieurs éléments tendant à établir une préméditation, le magistrat instructeur signifiait aux trois Langrois leur mise en examen pour assassinat. Placés en détention provisoire depuis juillet 2009, Mathieu Meunier (23 ans), Steven Ardinat (22 ans) et Kévin Bruyère (22 ans) répondront de leurs actes, à partir de lundi, devant la Cour d’assises. Encourant la réclusion criminelle à perpétuité, les accusés – présumés innocents – seront respectivement assistés par Maîtres Henriot, Gambini et Charlot. Mes Gromek et Chapusot représenteront la compagne et les trois enfants du défunt. Le procès s’ouvrira par l’examen des personnalités d’accusés confrontés à une profonde misère sociale, familiale et affective.
La préméditation en question
Les conseils de Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère devraient vraisemblablement tenter de battre en brèche tout acte prémédité. Les débats devraient également permettre d’établir les degrés d’implication de chaque accusé.
Le déroulement – présumé – des faits tend à apporter quelques éléments précieux. Père de trois enfants de six, cinq et trois ans, Cyrille Segard aurait invité, le 16 juillet 2009, Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère à partager une bouteille de whisky. Connus de la justice et évoluant dans un milieu interlope, les protagonistes étanchent leur soif en présence de l’enfant de Steven Ardinat, alors âgé de cinq mois. Souhaitant rentrer, bouteille en main, à son domicile, Cyrille Segard aurait été pris à partie par les trois agresseurs. Steven Ardinat aurait plus particulièrement reproché à la victime d’être redevable d’une dette de 600 euros.
Dans un état d’alcoolémie avancé, Mathieu Meunier, Steven Ardinat et Kévin Bruyère se seraient alors livrés à une première série de coups. Ivre, Cyrille Segard ne serait pas parvenu à réagir. Steven Ardinat serait alors parti ramener son enfant à son domicile. La suite est confuse. Accompagné de Mathieu Meunier, le jeune homme serait revenu avec un jerrican d’essence. Selon diverses sources proches du dossier, Stéphane Ardinat aurait reconnu avoir aspergé d’essence le corps Cyrille Segard. Une autre version désignerait Kévin Bruyère. Les travaux du juge d’instruction et la reconstitution menée sur les lieux du crime n’auraient pas permis d’identifier clairement l’accusé à l’origine de l’embrasement. Stéphane Ardinat et Kévin Bruyère auraient toutefois désigné Mathieu Meunier. Malgré une brûlure au deuxième degré à la narine gauche – lésion causée, selon les conclusions du médecin légiste, par une longue et intense exposition à une source de chaleur -, l’intéressé n’aurait toutefois pas reconnu les faits. Les accusés n’auraient, en outre, pas tenté de dissimuler le corps, la dépouille du défunt gisant à quelques mètres d’une table de pique-nique.