Trois tragiques journées en Haute-Marne (1) : le 27 août 1944
La fin de l’Occupation en Haute-Marne a été marquée par de nombreuses tragédies, les 27, 28 et 29 août 1944. Premier volet de cette série, consacré au jour où une trentaine de patriotes ont été emmenés vers le camp de déportation de Neuengamme.
Ils sont arrivés à Chaumont le 19 août 1944. Ils en repartent au matin du 27, direction Vittel. Ce sont les 36 membres du Parti populaire français (PPF), mouvement collaborationniste français dont un groupe d’action s’est mis au service des forces de répression allemande en Bretagne. Dans les locaux de l’Ecole normale de garçons, boulevard Gambetta, les hommes (et femmes) commandés par Lucien Imbert se sont livrés aux pires sévices. Ils y ont torturé notamment le chef de gare de Courban (Côte-d’Or), Gilbert Diligent, arrêté le 25 août. En fin de nuit du 26 au 27, au moment de quitter les lieux, ils l’abattent de deux balles, dont une derrière la nuque. Mais le cheminot survivra, et pourra témoigner contre ses tortionnaires.
Alors que Paris, Troyes viennent de tomber, les Allemands commencent à quitter le département. Ils vident les prisons de Chaumont et de Langres, entassant une trentaine de patriotes dans des wagons à bestiaux et les dirigeant sur Belfort. Parmi eux, il y a cinq des otages de Châteauvillain, où un affreux massacre a eu lieu trois jours plus tôt. Sur la trentaine de détenus ainsi déportés, moins d’une dizaine reviendront de Neuengamme…
Abattus à la Croix-Coquillon
Aux quatre coins du département, les drames succèdent aux drames. A Coupray, sont découverts les corps de deux hommes tués par balles. L’un d’eux sera identifié comme étant Antoine Papa, originaire de la région parisienne. L’autre est toujours, à ce jour, inconnu. A Chaumont, deux hommes sont abattus par un poste allemand établi à la Croix-Coquillon : Robert Mutin, de Manois, et Auguste Souffez, de Concarneau. A Villiers-sur-Suize, un accrochage entre des maquisards et des Russes servant dans l’armée allemande coûte la vie à deux habitants, une femme, Cécile Michelot, et un enfant, Robert Guillaume, tandis qu’à Marac, des Russes exécutent Justin Cheminade. Près de Montier-en-Der, un FFI de la Compagnie du Der, André Colle, de Ceffonds, trouve la mort au cours d’un accrochage. Un combat entre les maquisards et les troupes allemandes en retraite qui en appelle d’autres. (A suivre).
L. F.
Prochain volet : des armes pour les maquisards, nuit du 27 au 28 août 1944.
Illustration : Roger Cheppe, un des otages de Châteauvillain, reviendra de Neuengamme. Portrait figurant dans son dossier conservé par le centre Arolsen.