4 – Humeur
Assermentés ou non, journalistes ou magistrats, ni bons ni mauvais, humains
Yves Coppens serait-il appelé à réviser ses travaux ? Le principe d’évolution pourrait être profondément mis en question suite à l’apparition de surhommes découverts par différents représentants du Ministère public. Gendarmes et policiers ne seraient pas en proie aux failles et déviances propres à l’être humain. Ces bipèdes d’une apparence commune ne mentiraient pas, ne se livreraient à aucune violence et feraient systématiquement preuve de politesse. Seule une preuve accablante pourrait ramener gendarmes et policiers au bas rang de citoyens non assermentés. Avoir prêté serment suffirait à distinguer les bons et honnêtes citoyens de fieffés menteurs. Parmi les affabulateurs patentés figurent en première ligne les journalistes, ces êtres nuisibles caricaturant l’action des forces de l’ordre en affirmant l’existence d’objectifs en matière de délits routiers. Par chance, la loi française autorise grands reporters ou plumitifs de province à dénoncer différentes réalités occultées par une élite bien-pensante. Requérir des peines à l’encontre de toxicomanes avilis par la dépendance est aisé. Dénoncer l’attitude de la coalition internationale achetant le soutien de chefs de guerre afghans en les laissant cultiver des milliers d’hectares de pavot inondant en héroïne le continent européen l’est beaucoup moins. Saluer l’action des forces de l’ordre et s’étonner des dérives d’une minorité de gendarmes et policiers répond également à une logique journalistique. Certains s’en offusquent, d’autres font face, à l’image du colonel Jaouën, ancien chef de corps du 61ème Régiment d’artillerie avouant publiquement être confronté à d’extrêmes difficultés afin d’insérer de jeunes militaires aux comportements déviants. Coupables d’odieuses caricatures, les journalistes pourraient se contenter de réduire l’action des représentants du Ministère publique, bras armés d’une politique sécuritaire, à une peine de un an de prison ferme requise cette semaine à l’encontre d’une mère de famille démunie coupable d’avoir dérobé trois barquettes de charcuterie d’une valeur de 7,96 euros. La réalité est plus complexe. Gendarmes, policiers, procureurs et journalistes ne sont ni bons ni mauvais. Tout juste sont-ils des individus dirait Céline, des hommes et des femmes appelés à se tromper et à vivre ensemble, libres et égaux, assermentés ou pas.