La grande dispersion – l’édito de Patrice Chabanet

Les élections européennes prennent des airs de crash-test pour la classe politique. Elles révèlent ses contradictions, une désunion à tous les étages et le désintérêt inquiétant de l’électorat. La casse est déjà là. La Nupes n’a d’union que le nom et s’est rabougrie autour de la seule France insoumise. Les sondages, même s’ils ne sont qu’un instantané, révèlent de leur côté des reculs sévères des Ecologistes, de LR et de Renaissance, le parti présidentiel. Quant aux Socialistes ils semblent limiter les dégâts en se détachant nettement des Verts. Dans ce champ de ruines seul le Rassemblement national tire son épingle du jeu, avec une large avance sur ses concurrents.

Pour accroître la confusion il y a le méli-mélo des thèmes de campagne. Pendant des mois il était surtout question de l’immigration et du pouvoir d’achat. Aujourd’hui c’est la guerre en Ukraine qui prend le relais, surtout depuis la déclaration d’Emmanuel Macron n’excluant pas l’envoi de troupes françaises sur place. Il faut y voir le privilège – et l’habileté – du président de la République, chef des armées et non candidat, qui contraint les partis à jouer cartes sur table. Mission en partie réussie, puisque les partisans de la Russie, de l’extrême droite comme de l’extrême gauche, ont dû se révéler au grand jour derrière le discours convenu du pacifisme. 

Au fond, que restera-t-il de ces élections ? Qu’elles constituent d’abord un galop d’essai pour la présidentielle de 2027. On est très loin du rêve européen. Une preuve de plus que la course à l’Elysée phagocyte toute la vie politique.