Nationalistes de tous les pays – l’édito de Patrice Chabanet
Le souverainisme, mot valise pour nationalisme, a le vent en poupe, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. C’est plus flagrant en France où les sondages placent largement le Rassemblement national en tête de l’élection européenne. Hier à Marseille, Jordan Bardella a profité de cette vague pour pilonner les positions d’Emmanuel Macron accusé d’avoir provoqué « l’effacement de la France ». Polémique normale dans toute démocratie.
En l’occurrence, le RN a une certaine pratique de l’effacement dans son discours. Effacement de la responsabilité de la Russie dans la guerre qu’elle mène contre l’Ukraine. Se déclarer hostile à la livraison d’armes au pays agressé revient en toute logique à souhaiter la victoire de l’agresseur. Effacement aussi de la réalité profonde des partis alliés, en particulier l’AfD (Alternative für Deutschland) héritier naturel du Parti national-socialiste. Feindre l’ignorance, c’est faire l’impasse sur l’histoire de l’Allemagne et ses ombres épaisses.
Cela dit, les propos et les oublis d’aujourd’hui ne constituent pas forcément une répétition générale de ce qui se passerait si le RN parvenait au pouvoir en France. Pour preuve, il y a l’exemple italien. La Première ministre Georgia Meloni, d’extrême droite, a mis rapidement de l’eau dans son chianti. Elle est pro-Otan et soutient l’Ukraine. Une hétérogénéité, donc, des nationalismes européens. Logique d’une certaine manière. Les intérêts d’un pays ne sont pas forcément identiques avec ceux du voisin, même si chacun arbore la même bannière du nationalisme.