Le cynisme incarné – l’édito de Patrice Chabanet
Il n’osera pas. Mais si, il a osé. Avec Poutine, tout est possible. Non seulement il a fait disparaître Alexeï Navalny, l’opposant qui lui faisait de l’ombre. Il a aussi organisé la disparition de son corps, avec une bonne dose de sadisme. Sa famille a été dirigée vers une morgue où ne se trouvait pas sa dépouille. Du cynisme et de la cruauté à l’état pur. A l’évidence le pouvoir russe veut éviter à tout prix une autopsie pratiquée par des médecins indépendants. La peur de la vérité.
Il faut saluer le courage des citoyens russes qui, malgré la répression ambiante, déposent des fleurs autour d’un portrait de Navalny. Comble du sadisme : les employés municipaux ramassent les bouquets pour les jeter dans une benne à ordures. Eh oui, le régime poutinien ose tout. Il a d’autant plus d’audace qu’en Ukraine ses soldats ont repris la ville d’Avdivka au terme de combats acharnés, les Ukrainiens s’étant finalement repliés.
L’élimination de Navalny et la reconquête d’Avdivka, cela fait beaucoup en l’espace de quelques jours. De quoi nous inquiéter sérieusement. Poutine ne s’arrêtera pas là. D’autres proies sont à sa portée. Au Sommet de la Sécurité qui se tient à Munich, les démocraties occidentales ont tiré – une nouvelle fois – le signal d’alarme. Le renforcement militaire devient impérieux. Mais le processus qui va de la décision à la mise en œuvre devrait durer au moins trois ans, dans les meilleures hypothèses. D’où cette simple question : si dans les tout prochains mois l’armée russe met la main sur la Moldavie que ferons-nous ?