L’art du discrédit – l’édito de Patrice Chabanet
Si l’on voulait prouver que la démocratie française est à la peine – le mot est faible – la cacophonie parlementaire qui s’exhibe sous nos yeux en fournirait un bel exemple. Saisir les tenants et aboutissants de ces convulsions tient de l’exploit. A l’origine de cette nouvelle bataille qui n’a rien d’homérique il y a l’incontournable dossier des retraites. Chacun y va de sa tactique. Le gouvernement et la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet n’entendent pas remettre le couvert. Circulez, il n’y a plus rien à voir. Le report de l’âge de départ à la retraite est désormais 64 ans, point barre. Radical et provocateur.
Même détermination dans le camp d’en face, avec la montée en ligne du groupe LIOT, un attelage hétéroclite d’une vingtaine de députés. Pas nombreux donc, mais suffisamment perturbateurs pour recevoir l’appui de la Nupes et de LR… La France insoumise a déjà tranché : elle déposera une motion de censure, avec le secret espoir de voir les Républicains la voter. Politique politicienne quand tu nous tiens.
Pour perturber un peu plus l’électeur qui voit s’échanger arguments et contre-arguments comme les balles à Roland-Garros, il lui faut digérer article 49.3 et article 40. Hors d’une passion pour les arcanes du droit constitutionnel, point de salut…
Tant que le débat politique ne redeviendra pas plus apaisé, plus serein, l’opinion publique se détournera des débats parlementaires. Comment déplorer la poussée de violence qui monte dans la société, quand la vocifération et l’imprécation tiennent lieu de discours dans une partie de la classe politique. L’exemple vient toujours d’en haut.