Une libération obligée – l’édito de Patrice Chabanet
Admettons-le d’emblée : la libération de nos deux compatriotes, Bernard Phelan et Benjamin Brière, ne doit rien à une quelconque mansuétude des autorités iraniennes. La dictature des mollahs a surtout voulu éviter l’impact international qu’aurait pu avoir le décès, dans leurs geôles, des deux Français. « Ils couraient un vrai risque vital », confirme l’avocat de Benjamin Brière.
Il reste encore quatre Français derrière les barreaux de Téhéran. Pour le Quai d’Orsay il ne s’agit pas d’obtenir la libération de prisonniers mais d’otages. De fausses accusations – espionnage, notamment – sont fabriquées pour donner un semblant de justification à leurs détentions. Qui dit otage dit monnaie d’échange. Pour des raisons évidentes, on ne saura jamais ce que la France a concédé ou s’est engagée à concéder.
Cette libération nous rappelle le drame permanent qui se joue en Iran. Les victimes s’y comptent par milliers et les incarcérations par dizaines de milliers. La communauté internationale s’y est habituée. Plus de quatre décennies de théocratie absolue ont anesthésié la vigilance des démocraties. Depuis quelques mois, les oppositions internes parviennent pourtant à mobiliser de larges pans de la jeunesse, sans pouvoir renverser le régime. Ce dernier s’est d’ailleurs trouvé des complices et des alliances objectives en dehors de ses frontières. En atteste la livraison de drones à la Russie. Qui se ressemble, s’assemble… Pour les démocrates iraniens, il ne reste que l’espoir de voir la roue de l’Histoire tourner. Hélas, depuis 1979 elle a souvent tourné dans le mauvais sens.