1962-2017 – L’édito de Patrice Chabanet
1962-2017 – L’édito de Patrice Chabanet
La guerre des mots va-t-elle basculer dans la guerre tout court ? Les menaces de plus en plus musclées qu’échangent Donald Trump et Kim Jong-Un donnent consistance à cette éventualité. On se croirait revenus à la crise des missiles à Cuba en 1962 quand la planète a frôlé une troisième guerre mondiale. Mais là s’arrête la comparaison. Trump n’est pas Kennedy. Et Kim Jong-Un n’est pas Khrouchtchev. Les dirigeants d’hier savaient où s’arrêter. Ils ne court-circuitaient pas leur entourage. Derrière les rodomontades, le numéro un soviétique était pleinement conscient que son homologue américain n’accepterait jamais la présence de missiles nucléaires aux portes des Etats-Unis. « Un revolver dans la nuque », disait-on outre-Atlantique. Aujourd’hui, changement de décor. On n’est plus dans l’affrontement politique qui mêle subtilement postures et réalisme. Là on a affaire à un combat singulier de deux personnalités qui jouent du muscle et de la testostérone. Le mécanisme de l’affrontement est aussi simple que redoutable. Kim Jong-Un s’estime dans son droit s’il fait tomber des missiles balistiques d’essai à quarante kilomètres de l’île américaine de Guam, une gigantesque base militaire. En face, Trump promet une riposte musclée. On peut le croire. Et à partir de là, tout est possible…
Jusqu’à présent, la communauté internationale observait ce face-à-face avec un certain détachement, persuadée que la raison finirait par l’emporter sur ce qui pouvait apparaître comme un psychodrame ou un mauvais film. Mais depuis hier, l’inquiétude prend le relais, avec des appels à la sérénité. Aux Etats-Unis, plus personne ne semble contrôler Trump dont on sait qu’il part au quart de tour à chaque provocation. Quant à Kim Jong-Un, la Chine semble avoir moins de prise sur lui qu’il n’y paraît. Le plus inquiétant dans cette affaire est que les deux intéressés eux-mêmes ne paraissent plus se contrôler.