Partie sans prévenir, sa locataire lui laisse un logement en piteux état
Atterrement chez un habitant de Neuilly-l’Évêque, dont la locataire est partie sans prévenir le 10 octobre 2021, en laissant derrière elle un logement crasseux et encombré jusqu’au garage, sans compter les extérieurs. Colère aussi chez ce propriétaire qui se voit réclamer par la CAF le remboursement de l’aide personnalisée au logement mensuelle.
« Je me suis rendu à la CAF mercredi 20 octobre 2021 pour solliciter un rendez-vous avec la directrice sous quinze jours ». Ce jour-là, Joël Chevallier reçoit un courrier l’enjoignant de rembourser les 411€ d’aide personnalisée au logement que la CAF lui versait pour contribuer au paiement du loyer de sa locataire.
À ce jour, aucune suite n’a été donnée à sa requête. Or la jeune mère de famille, qui vivait en couple, a pris la poudre d’escampette le 10 octobre, sans prévenir son propriétaire… et en s’affranchissant du règlement d’ « une dette de 800€ ». En laissant aussi derrière elle un logement en bien piteux état.
Vaisselle sale entassée dans l’évier, poubelles pleines de ci de là, sol crasseux, chambres encombrées de vêtements d’enfants, parfois jonchées de bouteilles plastique, salle de bain remplie à ras bord d’objets divers, mégots mêlés au maquillage par terre sous un plafond rongé de moisissures, douilles scrupuleusement vidées de leurs ampoules, garage suffocant d’encombrants, même la chasse d’eau des toilettes n’a pas été tirée.
Basculement en enfer
« Ma locataire s’était installée en janvier de cette année. À partir de juin, ça a été l’enfer ». Depuis qu’une perquisition à 6h du matin a abouti à l’interpellation de son compagnon, la locataire ne s’adresse à Joël qu’en termes « fleuris » en « jetant » à la volée les quittances de loyer qu’il lui présente.
Non pas que le couple n’ait pas déjà copieusement empoisonné la vie de celui-ci… et du village, au demeurant. Mais après le 22 juin, il n’y a plus eu de répit, du tout. La première adjointe Annabelle Légère indique que la municipalité elle-même a porté plainte mi-septembre. Un des chiens de la locataire divaguait « nuit et jour ». La bête s’avèrerait en outre « agressive ». L’élue croit qu’elle était avant tout « affamée ».
Au total, « le maire et tous les adjoints sont intervenus », mais, en l’absence de convention, tout placement dans une association de type SPA est restée impossible. De son côté, Joël sait qu’il y avait deux autres chiens, enfermés « des jours et des jours » à l’intérieur du logement. Il en a déduit qu’ils étaient privés de nourriture et le salissaient d’excréments.
Mauvaises pioches en série
« Un autre homme est venu vivre avec ma locataire, très vite après le départ de son compagnon ». Tous deux vont « autoriser » une seconde perquisition. Joël s’était fait recommander sa locataire par le couple qui l’avait précédé dans le logement. « J’ai mis plus de cinq cents euros dans les services d’un huissier » pour récupérer les impayés de celui-ci.
Précédemment encore, le locataire de Joël, soupçonné d’avoir commis des faits graves, avait eu fort maille à partir avec la justice. Aujourd’hui, Joël convient qu’il n’est pas sûr de continuer à louer son bien… Et se désole d’entendre pleurer un chat au pied de la maison. Le départ brusque de sa maîtresse le plonge dans le désarroi.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
La CAF expose la marche à suivre
« Le propriétaire ne nous a pas exposé la situation ». C’est la réponse spontanée du référent technique de la CAF, également médiateur. A moins que, de la venue du propriétaire dans ses locaux, il n’ait pas été informé. En tout état de cause, celui-ci connaît ce type de situation. C’est que l’administration traite les dossiers étape par étape. « La CAF signale d’abord au bailleur qu’il est redevable d’une créance. Après, un transfert de celle-ci est opéré ». Mode d’avancement séquentiel donc, c’est la règle… et elle pallie efficacement au « manque d’information » éventuel, mais « fréquent ». Les dégradations d’un logement ne relèvent pas de la compétence de la CAF. En revanche, elles peuvent faire l’objet de poursuites. « L’association départ pour l’information sur le logement (ADIL) est un interlocuteur rompu à examiner si elles sont envisageables et quelle pourrait être leur nature ».